Nouvel horizon, éditorial de Victor Habert-Dassault

Le récent sommet du G7 à Hiroshima, au Japon, confirme l’importance croissante accordée
à la sécurité économique. Bien qu’elle ait été l’un des principaux sujets de discussion, aucun des 7 pays membres n’est d’accord sur sa définition.

Le récent sommet du G7 à Hiroshima, au Japon, confirme de l’importance croissante accordée à la sécurité économique. Bien qu’elle ait été l’un des principaux sujets de discussion, aucun des 7 pays membres n’est d’accord sur sa définition.

« Nous continuerons de veiller à ce que la gamme étroite et clairement définie de technologies sensibles essentielles à la sécurité nationale ou susceptibles de menacer la paix et la sécurité internationales fasse l’objet d’un contrôle approprié sans entraîner indûment de répercussions indésirables sur le commerce de technologies dans son ensemble. » Comment être rassuré par cette phrase confuse, sans fin et alambiquée ?

Sécurité des approvisionnement, vulnérabilités face aux catastrophes naturelles, aux pandémies, aux tensions géopolitiques et aux pratiques malveillantes, tous les mots ont été savamment choisis pour une déclaration collégiale. Que reste-t-il de ce constat ?

La principale vertu de cette déclaration, c’est qu’elle marque une prise de conscience qui n’existait pas jusqu’alors. La sécurité était strictement soumise aux fonctions régaliennes. Son existence n’était jamais prononcée dans une économie de marché mondiale et ouverte. Aujourd’hui, le tabou est levé. La sécurité est au centre de l’élaboration des politiques nationales comme internationales, au moment même où une nouvelle révolution industrielle a déjà commencé.

 

La sécurité n’est plus essentiellement basée sur une complémentarité d’actions entre les forces de l’ordre, les agents de sécurité et la vidéosurveillance pour protéger nos usines, nos commerçants et nos artisans. L’installation d’un antivirus sur l’ordinateur n’est plus une réponse non plus aux cybermenaces. Notre épanouissement et notre chute se trouvent emmêlés sur une toile sans frontière, brutale, évolutive.

 

Plus de 50% des arnaques ont lieu en ligne.

Plus de 80% des enfants ont déjà été exposés à des contenus pornographiques. Racisme, antisémitisme, homophobie, misogynie : en quelques minutes sur les réseaux sociaux, votre regard aura sûrement atterri sur une brutalité.

 

Alors, oui, physique ou virtuel, aucun terrain n’est à l’abri de l’insécurité.

 

L’exploitation des données facilitée par l’intelligence artificielle transforment l’économie et bien sûr, nos vies. Ces évolutions prometteuses sont exposées à des menaces nouvelles d’agression, comme par exemple, les cyber-attaques capables de paralyser les réseaux informatiques et de communication, d’hôpitaux, d’entreprises… des institutions puisque le Sénat, comme l’Assemblée nationale n'ont pas été épargnés.

 
De telles menaces sont cependant autant d’opportunités pour renforcer notre indépendance et garantir notre souveraineté. Les innovations stratégiques françaises dans la sécurité permettent à nos industries de remporter de nombreux succès à travers le monde. L’« Equipe de France » est dans ce domaine une des meilleures du monde. Ce qui peine encore peut-être chez nous, c’est le manque de formations et d’information sur les dangers dans l’usage d’outils si puissants.

En ce sens, l’évolution de la nouvelle révolution industrielle ne sera vertueuse que si elle porte en étendard, telle une devise inaliénable : la responsabilité, la maîtrise et la confiance.

Les usagers ont besoin de savoir que les données qu’ils partagent sont protégées.  Les fournisseurs ont les mêmes attentes, notamment au niveau de la maîtrise des flux digitaux. Tous doivent se sentir protégés.

Alors comment réussir ?

L’innovation. C’est elle qui portera ce vent de liberté nécessaire pour éviter que la sécurité ne devienne trop pesante. Ca semble paradoxale. Mais c’est loin d’être antinomique. Si la sécurité devenait la norme, elle serait un frein à la créativité. Et si la liberté d’innover ne prenait pas en compte le risque, alors, il n’y aurait plus de limites. Comme dans beaucoup d’autres champs de la vie, tout est une question d’équilibre. Il nous appartient de créer une ligne juste, proportionnée et adaptée aux opportunités qui naissent sous nos yeux.