Assurer le bien-être de nos concitoyens mais dans le respect des libertés par Alain Houpert

Pour le sénateur de Côte-d’Or Alain Houpert, les nouvelles technologies doivent aider à renforcer la sécurité des citoyens et permettre de développer une économie souveraine, à condition qu’elle soit encadrée par les pouvoirs publics.

Le sénat vient d’adopter l’usage
de la reconnaissance faciale dans
le cadre de la sécurité des citoyens. Une mesure qui inquiète sur le plan de la vie privée. La sécurité doit-elle passer par une restriction de la vie privée ?

Il y a un équilibre à trouver entre la sécurité de nos concitoyens et le respect de la vie privée. Nous devons être attentifs à déployer des outils qui soient adaptés aux enjeux de la sécurité. Par exemple, l’usage de drones dans les manifestations peut répondre à une nécessité pour intervenir contre des casseurs, des dégradations volontaires et gratuites. C’est aussi une façon de préserver le droit de manifester. Pendant les mouvements de la réforme des retraites, certains n’osaient plus aller manifester par peur pour leur sécurité ou celle de leurs enfants. Il faut aussi garantir ces droits et c’est également une façon de lutter contre la récupération politique qui en est faite par l’exécutif qui utilise ces scènes que nous avons pu voir pour justifier un renforcement de la répression policière. Par contre, l’usage de drone pour verbaliser des manifestants pacifistes, c’est non ! Concernant la reconnaissance faciale, je m’ oppose à une généralisation et surtout, il m’apparaît indispensable d’encadrer drastiquement son usage, si nous devons être appelé à y recourir, à des situations d’urgence. Le vrai problème est que nous savons que par définition, tout ce qui est autorisé partiellement a tendance à se généraliser.

D’autant plus face à un gouvernement qui s’appuie davantage sur la Constitution que sur le parlement pour voter la loi et qui s’attache d’abord à ce qui est légal sans prendre en compte ce qui est moral ou idéologique.

Ces dernières années, la « sécurité » est devenue une question centrale. Et a vu émerger tout un pan économique tant dans le privé que le public. Comment selon vous doit-on aborder cette nouvelle économie ?

Les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, les réseaux donnent accès à tout un panel de dispositifs qui sont de plus en plus efficaces mais qui menacent la vie privée des individus. L’exemple de la Chine est flagrant et c’est notamment l’une des craintes des citoyens des pays démocratiques. Nous avons besoin de sécurité, et c’est une opportunité économique pour les entreprises.

À conditions qu’elles soient françaises et qu’elles ne soient pas contrôlables. En matière de sécurité intérieure, ce n’est pas tant le manque de dispositif que les moyens humains des forces de l’ordre, de la justice qui manquent. S’appuyer sur les nouvelles technologies, c’est une nécessité mais nous devons faire émerger des technologies qui soient françaises et encadrées par les pouvoirs publics.

L’exemple des voitures-radar confiées à des prestataires privés en est l’exemple : véhicules non entretenus, manque de transparence. La sécurité est une mission de service public qui ne doit pas être délaissée à des entreprises dont le seul argument est celui de la rentabilité.

Nous ne pouvons pas non plus confier le traitement des données à des entreprises étrangères même de pays alliés. Si nous voulons moderniser notre sécurité. Il apparait indispensable d’investir dans une industrie souveraine, sous contrôle des pouvoirs publics, et avec des technologies qui ne dépendent pas de composants de l’autre bout du monde. Encore une fois, je pense que nous ne devons pas ignorer tout ce qui peut assurer le bien-être de nos concitoyens mais nous devons le faire dans le respect des libertés, pour que les usages facilitent la vie et ne la compliquent pas. Et malheureusement, en ce qui concerne les nouvelles technologies, et les enjeux publics, ce gouvernement nous a démontré qu’il n’en était pas capable avec une tendance fâcheuse à vouloir privatiser les pans les plus importants de notre vie quotidienne.