Alain Houpert

Revue GEEA : La sécurité et l'économie

Assurer le bien-être de nos concitoyens mais dans le respect des libertés par Alain Houpert

Pour le sénateur de Côte-d’Or Alain Houpert, les nouvelles technologies doivent aider à renforcer la sécurité des citoyens et permettre de développer une économie souveraine, à condition qu’elle soit encadrée par les pouvoirs publics.

Le sénat vient d’adopter l’usage
de la reconnaissance faciale dans
le cadre de la sécurité des citoyens. Une mesure qui inquiète sur le plan de la vie privée. La sécurité doit-elle passer par une restriction de la vie privée ?

Il y a un équilibre à trouver entre la sécurité de nos concitoyens et le respect de la vie privée. Nous devons être attentifs à déployer des outils qui soient adaptés aux enjeux de la sécurité. Par exemple, l’usage de drones dans les manifestations peut répondre à une nécessité pour intervenir contre des casseurs, des dégradations volontaires et gratuites. C’est aussi une façon de préserver le droit de manifester. Pendant les mouvements de la réforme des retraites, certains n’osaient plus aller manifester par peur pour leur sécurité ou celle de leurs enfants. Il faut aussi garantir ces droits et c’est également une façon de lutter contre la récupération politique qui en est faite par l’exécutif qui utilise ces scènes que nous avons pu voir pour justifier un renforcement de la répression policière. Par contre, l’usage de drone pour verbaliser des manifestants pacifistes, c’est non ! Concernant la reconnaissance faciale, je m’ oppose à une généralisation et surtout, il m’apparaît indispensable d’encadrer drastiquement son usage, si nous devons être appelé à y recourir, à des situations d’urgence. Le vrai problème est que nous savons que par définition, tout ce qui est autorisé partiellement a tendance à se généraliser.

D’autant plus face à un gouvernement qui s’appuie davantage sur la Constitution que sur le parlement pour voter la loi et qui s’attache d’abord à ce qui est légal sans prendre en compte ce qui est moral ou idéologique.

Ces dernières années, la « sécurité » est devenue une question centrale. Et a vu émerger tout un pan économique tant dans le privé que le public. Comment selon vous doit-on aborder cette nouvelle économie ?

Les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, les réseaux donnent accès à tout un panel de dispositifs qui sont de plus en plus efficaces mais qui menacent la vie privée des individus. L’exemple de la Chine est flagrant et c’est notamment l’une des craintes des citoyens des pays démocratiques. Nous avons besoin de sécurité, et c’est une opportunité économique pour les entreprises.

À conditions qu’elles soient françaises et qu’elles ne soient pas contrôlables. En matière de sécurité intérieure, ce n’est pas tant le manque de dispositif que les moyens humains des forces de l’ordre, de la justice qui manquent. S’appuyer sur les nouvelles technologies, c’est une nécessité mais nous devons faire émerger des technologies qui soient françaises et encadrées par les pouvoirs publics.

L’exemple des voitures-radar confiées à des prestataires privés en est l’exemple : véhicules non entretenus, manque de transparence. La sécurité est une mission de service public qui ne doit pas être délaissée à des entreprises dont le seul argument est celui de la rentabilité.

Nous ne pouvons pas non plus confier le traitement des données à des entreprises étrangères même de pays alliés. Si nous voulons moderniser notre sécurité. Il apparait indispensable d’investir dans une industrie souveraine, sous contrôle des pouvoirs publics, et avec des technologies qui ne dépendent pas de composants de l’autre bout du monde. Encore une fois, je pense que nous ne devons pas ignorer tout ce qui peut assurer le bien-être de nos concitoyens mais nous devons le faire dans le respect des libertés, pour que les usages facilitent la vie et ne la compliquent pas. Et malheureusement, en ce qui concerne les nouvelles technologies, et les enjeux publics, ce gouvernement nous a démontré qu’il n’en était pas capable avec une tendance fâcheuse à vouloir privatiser les pans les plus importants de notre vie quotidienne.

Petit déjeuner autour de Laurent Solly, Directeur général de Meta France, VP de Meta Europe du Sud

La machine dépassera-t-elle bientôt son créateur ? Cette question semblait encore il y a quelques mois n’être que théorique, de la pure science-fiction. Et puis ChatGPT a fait son entrée et le monde de l’intelligence artificielle s’est ému de son arrivée. L’émotion, encore un sentiment auquel l’humanité a su garder une certaine exclusivité...

Thème : « SOMMES-NOUS PRÊTS À ACCUEILLIR LES PROCHAINES INNOVATIONS DIGITALES ? »

Revue GEEA : Entre ambition et sobriété : faut-il choisir?

Sous la canopée, le soleil par Alain Houpert

Il se revendique élu des territoires ruraux et ancien maire d’une commune de 200 habitants. Alain Houpert, Sénateur de Côte-d’Or depuis 2008 rappelle que la transition énergétique ne pourra se faire que par une réindustrialisation massive et la défense des technologies dans un contexte géopolitique incertain. Des conditions auxquelles répondent selon lui un projet unique au monde qui trouve sa source dans les terres de Bourgogne : la canopée photovoltaïque, développée par TSE qui entend répondre aux ambitions de la France : plus 45GW d'énergie solaire  d’ici 2028, soit trois fois les installations réalisées depuis 20 ans…

ous avez choisi de parler de TSE qui innove dans le cadre de l’agrivoltaïsme. Quel en est le principe et pourquoi ?

TSE vient d’inaugurer son concept en Haute-Saône et poursuivra son expérience en Côte-d’Or. C’est une première mondiale baptisée la canopée et qui porte bien son nom puisque le principe est le suivant : un parcelle agricole est recouverte de panneaux photovoltaïques à cinq mètres de hauteur, sur une longueur de 27 mètres, le tout fixé sur des câbles. La première installation permet de produire de l’électricité pour 13 000 habitants sur une superficie de 3 hectares.

En quoi est ce que ce principe diffère de panneaux au sol ?

C’est d’abord une question de foncier. Le foncier de friche qui répond aux exigences d’installation arrive au bout. L’installation d’une canopée doit répondre à des critères précis : être proche d’une centrale de distribution électrique en Haute Tension, et se trouver dans une zone ad hoc pour l’accueillir. L’autre différence est que l’installation a un minium d’emprise au sol puisque les câbles reposent sur des poteaux, qui ne rendent pas la parcelle inutilisable, bien au contraire. C’est un contrat gagnant-gagnant entre agriculteurs et acteurs de l’énergie.

N’y a t-il pas un risque de déstabiliser l’environnement avec de telles installations ?

Au contraire. Les responsables de TSE ont mené plusieurs études sur différents paramètres : la nature des sols, leur réaction et les premiers résultats sont encourageants. Les panneaux sont amovibles et se dirigent en fonction du soleil, ce qui permet à chaque parcelle d’être à un moment de la journée ombragée et donc plus productive. Cet ombrage permet aussi de mieux réguler le stress hydrique, et on a pu voir cet été que l’eau commençait à représenter un vrai problème. TSE prévoit aussi d’installer un système d’arrosage au goutte à goutte.

Ce type de technologie est-il utile dans votre département ?

Même si elle est verdoyante, la Côte-d’Or possède des territoires appauvris. Le Nord par exemple ou le Chatillonnais sont des terres qui souffrent plus que d’autres des fortes chaleurs que nous avons eues cet été. Puis la Côte-d’Or c’est aussi le territoire des grands vignobles qui sont de plus en plus soumis aux aléas climatiques notamment à la grêle. Et le système de canopée permet de protéger environ 40% des cultures. Puis la question de la transition énergétique concerne toutes les régions, voire tous les pays.

Quels sont aujourd’hui les obstacles à la transition énergétique  ?.

La France est en retard. Et les voeux pieux du gouvernement en matière de transition doivent être suivis de véritables efforts. Le principal obstacle est je crois l’impact. Nous devons développer des technologies qui n’enlaidissent pas nos paysages naturels. C’est la condition d’une acceptation par les habitants. La Bourgogne a été un temps vendu à l’éolien, contre l’avis des habitants.

Ce qui m’a aussi été rapporté, c’est la lenteur du millefeuille administratif, le plus lent d’Europe. Prendre des précautions, c’est indispensable, mais pas entraver les projets. Il faut un guichet unique pour les acteurs de la transition écologique. Il faut aussi très vite développer la technologie des panneaux photovoltaïques aujourd’hui chinois. Economiquement ils ne représentent que 20% des investissements, 80% étant confiés aux entreprises françaises ou européennes. Le contexte géopolitique appelle à une industrialisation urgente dans ces technologies. Cette canopée est une première mondiale. Ne la laissons pas partir à l’étranger. L’Ukraine nous a montré notre dépendance. En Asie, la menace d’une invasion de Taiwan inquiète profondément les acteurs. Nous ne devons pas laisser l’avenir de notre transition énergétique entre les mains de pays dont nous ne sommes pas certains de la stabilité politique et économique qui au demeurant veulent bouleverser l’ordre mondial.

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Les "vieux" à la campagne par Alain Houpert

Sous ce titre provocateur (clin d’œil aux « villes à la campagne » de l’humoriste Alphonse Allais), le Sénateur de la Côte-d’Or Alain Houpert plaide pour l’installation d’établissements destinés aux seniors dans les territoires ruraux, à rebours de ce que préconisent les Agences régionales de santé.

Véritables lieux de vie intergénérationnels, ils pourraient devenir des pôles d’attractivité générant autant du lien social que des activités économiques et proposent une voie inédite pour un aménagement intelligent du territoire.

Pourquoi cette idée d’installer des EHPAD à la campagne ?

Autrefois, quand un patient était affaibli, on l’envoyait respirer « le bon air » et les anciens vivaient leurs vieux jours en famille. Aujourd’hui dès qu’il perd son autonomie, on entasse le senior dans des fabriques à vieillir ou des mouroirs à étages. Cachée aux yeux de ceux qui ne sont pas des soignants, la finitude n’est plus un motif de réflexion sociale mais un résidu de conscience qui se réveille lorsqu’on y est personnellement confronté. Les maisons de retraite sont des projets immobiliers où le destin des occupants est relégué au dernier plan. Nous devrions retrouver ce chemin du « bon air » qui n’est autre que celui du bon sens !

Comment voyez-vous ces EHPAD nouvelle génération ?

Ces maisons de soins seraient le poumon de la commune, à condition de les envisager comme des structures multi-géné- rationnelles, en prise avec la cité. On n’y trouverait pas seulement des résidents et leur écosystème médical, mais des activi- tés liées : une pharmacie ouverte à tous, des logements à proximité pour le per- sonnel soignant, des services hôteliers pour accueillir les familles, une restauration collective, des ateliers et des jardins partagés. Ce serait une chance pour les résidents qui ne seraient plus coupés du monde au point de sombrer très vite dans la dépendance sévère ou une apathie mor- bide et une chance pour les citoyens dès le plus jeune âge : vieillir, mourir, reprendraient leur place dans le cycle de la vie.

Il semble plus rationnel d’ins-taller les EHPAD près des villes pour des questions de proximité avec les familles et les centres hospitaliers.

Je pense au contraire que la ruralité est une voie pour réduire les coûts de la dépendance. Au lieu de payer du foncier, on payera des soins. Débloquer les implantations d’EHPAD dans les zones rurales, auxquelles se refusent encore les Agences régionales de santé, serait une chance pour le patient et le territoire. Le patient bénéficiera de tarifs moins prohibitifs et donc d’un reste à charge plus abordable pour lui ou sa famille car le prix du foncier est fortement en cause dans le calcul des prix de journées. On me rétorquera que, du fait de l'éloignement, les visites risquent d'être moins nombreuses... À cet argument idéologique, pour ne pas dire technocratique, je réponds que les visites seront de meilleure qualité : dans un environne- ment qualitatif, les familles auront envie de passer plus de temps avec leurs proches.

Ce serait donc une nouvelle voiepour l’aménagement du territoire ?

Repenser la localisation territoriale de l’offre de soins est un enjeu de toute première importance pour les territoires, y compris en terme d’attractivité. L’implantation d’un EHPAD ou le maintien d’un hôpital permet aussi de localiser des emplois masculins et surtout féminins (majoritaires dans ce secteur), qui font tant défaut lorsque d’autres secteurs économiques veulent embaucher : il est de plus en plus difficile de recruter des cadres en zone rurale quand il n’y a pas de travail possible pour le conjoint.

Quel serait l’impact sur le secteur médical ?

Si on avait une vision holistique de la santé, on verrait qu’il ne s’agit pas seulement d’une richesse pour le patient et pour le pays, mais d’un remède à la crise que traverse la profession médicale. En obligeant les soignants à faire mieux avec toujours moins de moyens, on les a démobilisés. En outre, la « médecine de ville» encaisse la crise des professions libérales : assommés par les charges, les médecins n’ont plus la force de s’installer seuls. Ce stress n’existerait pas dans des établissements ruraux tels que je les appelle de mes vœux. Nombre de communes se sont battues pour avoir des villages vacances : le temps est venu de se battre pour des « villages de soins », économiquement viables et emplis de bienveillance et d’attention.

Petit-déjeuner autour de Catherine Colonna, ambassadrice, représentante permanente de la France auprès de l'OCDE

En présence d’Olivier Dassault, Pascal Bois, Yves Bouloux, Bernard Brochand, Guillaume Chevrollier, Josiane Corneloup, Pierre Cuypers, Olivier Damaisin, Typhanie Degois, Philippe Dominati, Virginie Duby-Muller, Jean-Jacques Ferrara, Claude de Ganay, Laurent Garcia, Michel Herbillon, Alain Houpert, Brigitte Kuster, Constance Le Grip, Sylvain Maillard, Eric Pauget, Frédéric Reiss et Pierre Vatin.

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Petit-déjeuner autour de Jean-Dominique Senard, PDG de Michelin

En présence d’Olivier Dassault, Jean-Michel Fourgous, Valérie Beauvais, Bernard Brochand, Valérie Boyer, Pierre Cordier, Rémi Delatte, Vincent Descoeur, Marianne Dubois, Laurent Garcia, Yannick Haury, Michel Herbillon, Alain Houpert, Jean-Luc Lagleize, François-Michel Lambert, Laure de La Raudière, Charles de La Verpillère, Véronique Louwagie, Gilles Lurton, Sylvain Maillard, Pierre Morel-à-L’Huissier, Jean-François Rapin, Frédéric Reiss, Vincent Rolland, Eric Straumann, Laurence Trastour-Isnart, Pierre Vatin et Stéphane Viry.

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Notre revue GEEA : Accélérons la croissance !

Le Figaro : «Loi Pacte : il faut aller plus loin pour libérer notre croissance !»

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Les membres de «Génération entreprise-Entrepreneurs associés» soutiennent les mesures de la loi Pacte mais demandent davantage d'audace. - Crédits photo : ERIC FEFERBERG/AFP

Alors que le gouvernement d'Édouard Philippe avait tablé sur une croissance de 2 % en 2018, celle-ci connaît en réalité un vrai coup d'arrêt. En stagnant à 0,2 % du PIB au deuxième trimestre, elle devrait ainsi davantage avoisiner les 1,7 % cette année, avec des conséquences en cascade sur notre niveau de chômage ou la situation de nos finances publiques.

Avec un taux de chômage de 9,2 %, la France reste ainsi en queue de peloton de la zone euro, mais elle apparaît surtout comme le membre de l'Union européenne dont le chômage décroît le plus lentement depuis le début de la reprise. Quant à notre dette, cette dernière continue inexorablement de grimper pour s'élever aujourd'hui à 97,6 % du PIB, un niveau sans précédent dans notre histoire.

Mais alors, après la magnifique victoire de la France au Mondial de football, que faire pour que notre pays devienne, aussi, le champion du monde de l'économie et de l'emploi?

Le plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises, dit loi Pacte, offre une opportunité historique pour déverrouiller les principaux freins à la croissance de nos entreprises, libérer leur capacité d'emploi et débrider, enfin, leur formidable potentiel d'innovation.

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L'installation d'un guichet unique pour la création d'entreprise, la rationalisation des procédures de redressement judiciaire ou encore la libération de l'intéressement et de la participation, conformément à l'objectif du général de Gaulle de mettre fin aux affrontements stériles entre capital et travail, vont notamment dans la bonne direction. Certaines de ces propositions étaient d'ailleurs présentes dans le livre blanc de «Génération entreprise- Entrepreneurs associés», remis au ministre de l'Économie et des Finances, par les 140 parlementaires membres de cette association d'intérêt général, en janvier de cette année.

Profiter d'une conjoncture économique favorable

C'est pourquoi, si nous soutenons les mesures qui visent à lever les obstacles du développement de nos entreprises, de leur création à leur transmission, en passant par leur financement, nous appelons également de nos vœux que certaines d'entre elles soient beaucoup plus ambitieuses. Comme le préconise le FMI, c'est en effet maintenant qu'il faut «réparer la toiture tant que le soleil brille» en profitant de cette conjoncture économique favorable pour mener des réformes courageuses.

C'est notamment le cas de la simplification des seuils sociaux, ces véritables freins à l'embauche qui conduisent notre pays à cette situation unique au monde: deux fois plus d'entreprises de 49 que de 50 salariés!

Certes, la mise en place d'un délai de cinq ans pour répondre aux obligations et l'harmonisation du mode de calcul des effectifs faciliteront la vie des entrepreneurs. Mais pourquoi ne pas aller plus loin en repoussant toutes les obligations du seuil de 50 salariés, même celles du Code du travail, à au moins 100 salariés? L'enjeu est de taille car si notre pays détient l'un des records du monde en termes de créations d'entreprises, avec 591 000 créations en 2017, ces dernières ne grandissent que trop lentement, avec seulement 5 800 entreprises de taille intermédiaire, contre plus de 12 500 en Allemagne!

Concernant le financement de nos entreprises, il faudrait également plus d'ambition tant le léger renforcement prévu du PEA-PME et des fonds Euro-croissance, deux instruments financiers mis en place sous le précédent quinquennat et qui n'ont jamais rencontré le succès escompté, semble insuffisant face à l'urgence de la situation.

Dès lors, pourquoi ne pas déplafonner le dispositif Madelin, le PEA-PME et le financement participatif? Une telle mesure permettrait de combler la fin de l'ISF-PME et de faire émerger de solides «business angels» pour transformer notre épargne stérile en une épargne fertile, au service de l'emploi des Français. Il s'agit en effet de s'attaquer au sujet crucial du renforcement de l'investissement direct des Français vers nos TPE, nos start-up et nos PME en augmentant considérablement l'incitation fiscale en proportion des risques pris, à l'image de l'exemple britannique avec une incitation forte à investir, jusqu'à 1 million de livres, déductible à 30 % de l'impôt sur le revenu.

Alors oui, ne manquons pas d'audace pour réconcilier les Français avec l'économie et leur donner envie de s'impliquer dans la vie de nos entreprises. C'est une exigence si nous voulons libérer les talents, les énergies, les volontés, pour devenir la «Silicon Valley» de l'Europe à horizon de dix ans et redonner à notre pays l'optimisme qu'il n'aurait jamais dû perdre.

Olivier Dassault, député de l'Oise et président de Génération entreprise- Entrepreneurs associés (GEEA), est par ailleurs administrateur de Dassault Médias, société propriétaire du Figaro. Jean-Michel Fourgous, président de l'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, est délégué général de GEEA. La liste complète des 74 parlementaires cosignataires - parmi lesquels Valérie Bazin-Malgras, députée de l'Aube et vice-présidente de l'Assemblée, Michel Herbillon, député du Val-de-Marne et vice-président de l'Assemblée, Annie Genevard, députée du Doubs et vice-présidente de l'Assemblée - peut être consultée sur FigaroVox.

La liste des signataires:

Olivier Dassault, député de l'Oise; Jean-Michel Fourgous, Président Saint-Quentin-en-Yvelines; Valérie Bazin-Malgras, députée de l'Aube et Vice-Présidente; Michel Herbillon, député du Val de Marne et Vice Président; Annie Genevard, député du Doubs et Vice-Présidente de l'AN; Marc Le Fur, député des Côtes-d'Armor; Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes; Daniel Fasquelle, député du Pas-de-Calais; Laure de La Raudière, députée d'Eure-et-Loir; Damien Abad, député de l'Ain; Sophie Auconie, députée d'Indre-et-Loire; Thibault Bazin, député de Meurthe-et-Moselle; Olivier Becht, député du Haut-Rhin; Martine Berthet, sénatrice de la Savoie; Jerome Bignon, sénateur de la Somme; Jean-Yves Bony, député du Cantal; Ian Boucard, député du territoire de Belfort; Céline Boulay-Esperonnier, sénatrice de Paris; Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône; Bernard Brochand, député des Alpes-Maritimes; Fabrice Brun, député de l'Ardèche; Olivier Cadic, Sénateur des français de l'étranger; Jacques Cattin, député du Haut-Rhin; Gérard Cherpion, député des Vosges; Guillaume Chevrollier, Sénateur de la Mayenne; Paul Christophe, député du Nord; Dino Cinieri, député de la Loire; Pierre Cuypers, sénateur de la Seine-et-Marne; Typhanie Degois, députée de Savoie; Remi Delatte, député de Côte-d'Or; Stéphane Demilly, député la Somme; Julien Dive, député de l'Aisne; Philippe Dominati, sénateur de Paris; Marianne Dubois, députée Du Loiret; Pierre-Henri Dumont, député duPas-de-Calais; Jean-Jacques Ferrara, député de Corse du Sud; Nicolas Forissier, Ancien ministre, député de l'Indre; Claude de Ganay, député du Loiret; Laurent Garcia, député de Meurthe-et-Moselle; Meyer Habib, député des Français de l'étranger; Philippe Gosselin, député de la Manche; Patrick Hetzel, député du Bas-Rhin; Alain Houpert, sénateur de la Côte-d'Or; Brigitte Kuster, députée de Paris; Elisabeth Lamure, Sénatrice du Rhône; David Lorion, député de la Réunion; Sébastien Leclerc, député du Calvados; Ronan Le Gleut, Sénateur des français de l'étranger; Constance Le Grip, députée des hauts-de-seine; Vivette Lopez, sénatrice du Gard; Véronique Louwagie, député de l'Orne; Gilles Lurton, député d'Ille-et-Vilaine; Emmanuel Maquet, député de la Somme; Sébastien Meurant, sénateur du Val-d'Oise; Maxime Minot, député de l'Oise; Patricia Morhet-Richaud, sénatrice des Hautes-Alpes; Christophe Naegelen, député des Vosges; Olivier Paccaud, sénateur de l'Oise; Bernard Perrut, député du Rhône; Berengère Poletti, député des Ardennes; Benoit Potterie, député du Pas-de-Calais; Sophie Primas, Sénatrice des Yvelines; Didier Quentin, député de charente maritime; Damien Regnard, Sénateur des français de l'étranger; Jean-Luc Reitzer, député du Haut-Rhin; Maina Sage, député de la Polynésie française; Raphaël Schellenberger, député du Haut Rhin; Eric Straumann, député du Haut-Rhin; Jean-Charles Taugourdeau, député du Maine-et-Loire; Guy Teissier, député des Bouches-du-Rhône; Laurence Trastour-Isnart, députée du Alpes-Maritimes; Isabelle Valentin, député de Haute-Loire; Pierre Vatin, député de l'Oise; Arnaud Viala, député de l'Aveyron; Michel Vialay, député des Yvelines; Stéphane Viry, député des Vosges.

Notre revue GEEA : Un autre regard sur l'industrie

Petit déjeuner autour de Jean-Cyril Spinetta

En présence d’Olivier Dassault, Jean-Michel Fourgous, Thibault Bazin, Valérie Beauvais, Grégory Besson-Moreau, Pascal Bois, Jean-Claude Bouchet, Jacques Cattin, Olivier Damaisin, Loïc Dombreval, Jean-Pierre Door, Jean-Jacques Ferrara, Laurent Garcia, Yannick Haury, Alain Houpert, Jean-Luc Lagleize, Marc Le Fur, Véronique Louwagie, Gilles Lurton, Emmanuel Maquet, Maxime Minot, Christophe Naegelen, Bernard Perrut, Frédéric Reiss, Laurence Trastour-Isnart, Pierre Vatin, Arnaud Viala, Philippe Vigier, Stéphane Viry

« Et si nous prenions un train d’avance ? »

autour de Jean-Cyril Spinetta, Auteur d’un rapport sur l’avenir du transport ferroviaire

Revue GEEA : Top départ pour la France !

La France n'est pas une start-up nation par Alain Houpert

Alain Houpert est né en 1957 à Dijon où il a obtenu son doctorat comme médecin-radiologue, profession qu’il exerce toujours parallèlement à ses missions en tant qu’élu. Il a débuté sa vie politique dans son département d’origine la Côte-d’Or par divers mandats locaux (maire de Salives, conseiller général). Il est Sénateur depuis 2008 dans le groupe LR. Il siège à la Commission des Finances et est particulièrement investi dans deux domaines : les violences (envers les femmes et dans le monde du travail) et la défense des territoires et de leurs élus locaux.

 

Vous avez souhaité axer cet entretien autour de la phrase du Président Emmanuel Macron qui veut faire de la France une « start-up nation ». Pourquoi ce choix ?

Parce que, en tant que parlementaire, cette expression employée par un Président de la République française m’a marqué. Je m’explique. Elle a été prononcée en juin dernier lors du salon Viva Technology, avec l’annonce d’un fonds de 10 milliards d’euros dédiés à l’innovation. Pour être précis, il a même ajouté qu’il souhaitait que la France soit une nation qui « pense et agit comme une start-up ». D’un point de vue sémantique, cela suggère l’enthousiasme, la créativité, l’élan économique, la vision globale, le management participatif, cela invite la France à rejoindre les États-Unis ou Israël parmi les nations innovantes… Elle n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’esprit du discours inaugural de John Fitzgerald Kennedy en 1961 et sa célèbre formule : « ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais ce que vous pouvez faire pour votre pays ». Sauf qu’entre le discours de JFK et la formule d’Emmanuel Macron, il y a un gouffre qui s’appelle un modèle politique.

Que voulez-vous dire ?

Le discours de JFK était un discours fondateur, un creuset pour la nation, exhortant chaque citoyen américain à participer à un effort commun pour bâtir ensemble un pays : c’est un texte où le mot « politique » - le gouvernement de la cité - prend noblement tout son sens. La phrase d’Emmanuel Macron suggère elle de transformer la France en immense pépinière de start-up, où le citoyen n’est plus l’habitant de la cité, mais est seulement envisagé du point de vue de sa capacité à entreprendre. L’Homo economicus remplace l’Homo politicus en quelque sorte. Cette vision peut-elle constituer un projet politique ? Est-elle compatible avec nos institutions ? Je m’interroge.

En quoi serait-elle contradictoire avec notre modèle politique ?

Quel est le modèle performant de la start-up ? Il est spontané, créatif, dépourvu d’intermédiaires, apte à saisir les bonnes idées d’où qu’elles viennent, transversal et ayant opéré une révolution managériale puisque la hiérarchie pyramidale y a rarement sa place. Notre modèle politique, issu de la Constitution de 1958 est tout autre puisqu’il installe un Président incarnation de l’État, un gouvernement sous l’autorité d’un premier Ministre, une Assemblée nationale et un Sénat qui viennent abonder le débat législatif. Et ce modèle est essentiel à préserver. En tant que citoyen français, gaulliste, il me semble important que notre pays soit physiquement incarné par une seule personne choisie par la majorité des Français. Cela signifie représenter la plus haute autorité de l’État, et être seul responsable de la destinée de notre pays. Mais cela signifie aussi s’appuyer sur les institutions pour gouverner et non pas s’en affranchir : c’est un équilibre subtil entre autorité et respect des débats parlementaires. Un Président n’est pas un manager.

Pourtant on attend de lui des réformes et en premier lieu des réformes économiques : c’est souvent là qu’il est jugé et que les Français attendent des résultats, notamment dans la lutte contre le chômage et pour favoriser la croissance ?

En effet, et ce n’est pas moi qui vais nier que dans notre pays, des réformes sont plus que nécessaires ! Mais il y a une différence entre « gérer » une entreprise, une start-up qui plus est, et « diriger » un pays. Le manager d’une start-up doit être sans cesse à l’affût, prêt à bouleverser sa stratégie d’entreprise pour en assurer la pérennité, voire intégrer dans celle-ci la possibilité de disparaître un jour, soit parce que la start-up n’a pas su faire fructifier la « bonne idée » qui a présidé à sa naissance, soit parce qu’au contraire, elle a su intéresser une autre société qui l’a absorbée à bon prix. Son rapport au temps est immédiat, et parce qu’il doit être rapide, le manager de start-up ne peut pas s’encombrer de concertation dans la prise de décision. Être Président, et de surcroît d’un pays au passé aussi riche et mouvementé que le nôtre, signifie évidemment un autre rapport au temps : envisager une réforme en France, c’est convoquer la mémoire législative et donc historique. Le processus qui aboutit à la promulgation d’une loi, surtout si celle-ci doit bouleverser des acquis, ne peut se faire brutalement et surtout pas en s’affranchissant du débat parlementaire même si notre Constitution le permet grâce aux ordonnances, ou, dans certains cas, par référendum.

Vous y êtes hostile ?

Je ne suis pas hostile au principe : il y a parfois des soubresauts de l’histoire qui obligent un Président de la République à soumettre directement au peuple français une question qui engage la destinée du pays ou à recourir aux ordonnances. Je suis plus réticent lorsqu’un Président, comme Emmanuel Macron l’a fait, annonce d’emblée qu’il recourra aux ordonnances pour réformer par exemple le Code du travail au seul motif « d’aller vite ». Nier le travail parlementaire, c’est se priver de l’expertise d’élus qui pourraient heureusement enrichir ou amender le texte imposé par l’exécutif. Plus grave, c’est aussi nier la culture politique de notre pays. Je ne suis pas certain que, sur le long terme, nos concitoyens soient tout à fait d’accord avec cette négation des élus qu’ils ont choisis.

Pourtant les Français ont choisi une Assemblée nationale acquise à ces principes…

Le calendrier électoral, avec les élections législatives dans la foulée quasi immédiate de l’élection présidentielle, a en effet favorisé une Assemblée nationale majoritairement acquise au Président de la République… et un nombre non négligeable de nouveaux députés totalement novices, pour lesquels la discipline de parti tient lieu de travaux parlementaires. En tant que Sénateur, profondément attaché au débat parlementaire, je le regrette. Je constate d’ailleurs que les Grands électeurs, élus locaux pour la plupart, ont fait la part de l’enthousiasme exubérant de l’après-élection présidentielle lors du renouvellement pour moitié du Sénat puisque le Groupe LREM est très minoritaire à la Haute Assemblée. Je pense que cela confirme l’attachement de nos concitoyens à la représentation parlementaire et ma propre conviction qu’un Président de la République française, s’il doit évidemment se préoccuper de la situation économique de notre pays, ne peut le faire avec des réflexes de manager. Il ne « gère » pas une start-up baptisée France où travaillent des collaborateurs mais « dirige » un beau pays, avec une tradition parlementaire qui a fait ses preuves, habitée par des citoyens. C’est là la différence et la noblesse de sa fonction.

La dernière revue est en ligne !

Petit-déjeuner GEEA autour d'Airbnb

EN PRÉSENCE D'OLIVIER DASSAULT, JEAN-MICHEL FOURGOUS, YVES CENSI, GUILLAUME CHEVROLLIER, JEAN-MICHEL COUVE, DAVID DOUILLET, DANIEL FASQUELLE, MARIE-LOUISE FORT, YVES FOULON, CLAUDE DE GANAY, BERNARD GÉRARD, ARLETTE GROSSKOST, ALAIN HOUPERT, VALÉRIE LACROUTE, ISABELLE LE CALLENNEC, VÉRONIQUE LOUWAGIE, FRÉDÉRIC REISS, FRANÇOIS ROCHEBLOINE, FERNAND SIRÉ, CLAUDE STURNI, PASCAL THÉVENOT, ARNAUD VIALA

 

L’implantation d’Airbnb dans le paysage Français n’a évidemment échappé ni aux élus, ni au Gouvernement et surtout pas à Bercy !

Les parlementaires étaient très nombreux au petit déjeuner organisé par le Président Olivier Dassault pour évoquer avec Emmanuel Marill, l’évolution de cette plateforme dans les régions Françaises, qui met en relation les volontaires au voyage et les hébergeurs de la planète.

 

Mais comment expliquer le succès d’Airbnb ?

Pour certains, cette économie est une solution durable, un amortisseur social, vers une sortie de crise, quand d’autres crient à la concurrence déloyale.
D’après Emmanuel Marill, tout le monde est gagnant : les touristes peuvent vivre comme chez l’habitant et se créer des souvenirs, les hôtes bénéficient un revenu complémentaire et les commerces de proximité jouissent de l’impact lié à l’augmentation du nombre de touristes.

Pour la France, deuxième destination au monde après les Etats-Unis, 350 000 logements sont enregistrés sur la plateforme et comptabilise 80% de ces derniers en dehors de Paris. Cette tendance va crescendo : aujourd’hui, Airbnb est présent dans pratiquement 1 commune sur 2 et l’entreprise souhaite participer à la revitalisation et à l’aménagement des territoires.

Les villes y trouvent leur compte. Pour l’instant Airbnb a commencé son expérimentation de la collecte de la taxe de séjour dans 20 villes et l’assumera dans l’ensemble des villes et villages de France à partir du deuxième trimestre 2017. A titre d’exemple, en seulement, un an, rien qu’à Paris, 5,5 millions d’euros de taxe de séjour ont été collectés.

 

D’après Emmanuel Marill, l’hospitalité est au cœur du développement touristique de demain, comme la sécurité des sites. Actuellement, le tourisme représente 7,4% du PIB. Airbnb souhaite créer de la valeur ajoutée dans les zones encore trop faiblement exploitées : « On pourrait en faire bénéficier des centaines de plages, de musées, des milliers de villages qui ne reçoivent pas la visite de touristes étrangers ».

 

Les élus ont beaucoup échangé sur la concurrence,jugée déloyale pour certains, avec l’hôtellerie. La réponse du patron d’Airbnb est limpide : « il n’existe pas d’étude qui démontre qu’Airbnb soit à l’origine de la fermeture d’un hôtel.

Dans certains segments et même quartiers, l’impact d’Airbnb est évident sur l’hôtellerie, mais à une époque récente où le flux de voyageurs ne cessait de croître en France, tout le monde s’y retrouvait. Aujourd’hui, suite aux drames le gâteau est stable et met à l’aune de nos réflexions ce sujet de concurrence.

Je pense qu’il faut garder la tête froide. Des frictions n’auront aucun intérêt à partir du moment où nous sommes à la recherche de flux internationaux ».

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