Didier Mandelli

Revue GEEA : La sécurité et l'économie

Revue GEEA : Entre ambition et sobriété : faut-il choisir?

Revue GEEA : Industrialisation - Relocalisation : Impossible n'est pas français

NOTRE REVUE GEEA : ENTRE POSSIBLE ET IMPOSSIBLE, DEUX LETTRES ET UN ETAT D'ESPRIT

Notre revue GEEA : Entreprises : les bons tuyaux pour l'innovation et l'emploi

Notre revue GEEA : Accélérons la croissance !

Notre revue GEEA : Un autre regard sur l'industrie

La question écrite de GEEA sur la taxe affectée aux TPE-PME de la filière cuir

La question écrite de GEEA sur la taxe affectée aux TPE-PME de la filière cuir

Suite à la visite d"ADC, Au delà du Cuir, qui accompagne les jeunes entrepreneurs dans la filière cuir, les membres de GEEA ont déposé la question écrite suivante pour que la taxe versée par l'industrie du secteur soit intégralement injectée dans la dynamisation des PME. Actuellement, une partie va dans l'escarcelle de l'Etat.

C'est grâce à une action commune que GEEA sensibilise le  Gouvernement sur des problématiques.

Le modèle économique Vendéen : un exemple à suivre par Didier Mandelli

Alors que le nombre de demandeurs d'emploi continue à progresser au niveau national, quelques départements résistent, comme la Vendée.  Le jeune sénateur vendéen, Didier Mandelli apporte un éclairage sur ce miracle économique.

On parle souvent de la réussite économique exemplaire de la Vendée. Comment se caractérise-t-elle ?

La Vendée, ce sont des PME leaders dans leur secteur à l’échelon national, européen et parfois même mondial mais aussi une agriculture performante,  des emplois et un taux de chômage qui reste inférieur à la moyenne nationale. En effet, en 2014, il figure parmi les taux les plus bas du grand ouest. Le nombre de créations d’emplois est supérieur à la moyenne nationale et les emplois y sont souvent plus qualifiés.

Les fleurons économiques de la Vendée sont Fleury-Michon (plats cuisinés), Bénéteau (construction nautique), Sodebo (pizzas), PRB (produits de revêtement pour les bâtiments), Briand (charpentes métalliques), les meubles Gautier, Cougnaud (constructeur modulaire), Véranda Rideau, le groupe Dubreuil (Air Caraïbes…), ou encore AMP (réalisations audiovisuelles et multimédia).

Avec 56200 entreprises, la Vendée est le département qui compte le plus de PME en France. On dénombre une entreprise pour 17 habitants contre 1 pour 20 en moyenne nationale. C’est un maillage d’une étonnante densité car sur 282 communes, seules 2 d’entre elles n’ont pas d’entreprise sur leur territoire.

Le Vendée Globe et le Puy du Fou sont enfin deux pôles d’attraction touristique particulièrement dynamique pour le département.

 

Comment expliquez-vous le dynamisme économique de la Vendée ?

Cette réussite qualifiée par les économistes de « miracle économique vendéen » s’explique tout d’abord par l’histoire : le traumatisme de la guerre de Vendée et la méfiance du pouvoir central ont forgé un  état d’esprit vendéen. Les vendéens étaient des « graines de rebelle », selon l’historien Michel Charmard. Les vendéens ont appris à ne compter que sur eux.

Cette réussite économique s’explique également par le goût d’entreprendre, la culture du travail bien fait, la créativité et l’entraide des vendéens.

Cette forte volonté d’entreprendre couplée à l’action d’hommes politiques volontaires (désenclavement routier et ferroviaire, création de vendéopôle, installation du haut débit), a permis de créer de vraies success stories.

 

Quelle est la particularité de ces sucess stories vendéennes?

Ces entreprises sont familiales dès l’origine et c’est sans doute une des clés de cette réussite. Ce sont des sociétés bâties par des artisans devenus entrepreneurs qui se  sont développées sans quitter  leur  village et leur famille. Ce sont des dirigeants qui ont préféré l’investissement aux dividendes, en consacrant toutes leurs forces à leur propre développement.

La vocation d’une PME familiale est intergénérationnelle. Le devenir de l’entreprise est privilégié au profit immédiat. La stabilité de l’actionnariat est une garantie de l’emploi. Et le rôle de ces entreprises va au-delà de l’emploi. Elles agissent localement dans la vie publique. Par exemple, nous n’aurions pas eu d’EHPAD ultra performant au Poiré-sur-Vie (commune de 8 000 habitants) sans Yves Cougnaud (constructeur modulaire).

Les entreprises familiales, dans leur diversité, sont les témoins d’un autre mode de fonctionnement de l’entreprise. Un mode orienté vers le long terme, les hommes et la volonté d’entreprendre ensemble. Et c’est ce modèle d’entreprise qui a permis de résister à la crise économique et de maintenir, voire même de développer les emplois.

Aujourd’hui, ces entreprises doivent faire face à des enjeux stratégiques pour continuer à exister, notamment celui de la transmission aux générations futures. La question de la fiscalité de la transmission est au cœur des préoccupations. Nous devons, en tant élu, favoriser et préserver ce modèle économique qui a fait ses preuves.

Malgré un désir de transmettre affiché par la grande majorité des dirigeants d'entreprise, seule une faible part des entreprises familiales est effectivement transmise à la génération suivante : 14 % en France, d'après un rapport récent de l'Institut Montaigne, à comparer à 51 % en Allemagne et 70 % en Italie.

En effet, transmettre son entreprise à un membre de sa famille c’est relever un double challenge : celui de la pérennité de l’entreprise si la famille ne s’entend pas et celui de la fiscalité sur la transmission qui peut s’élever à 45 % si rien n’est anticipé (versus  0 % en Allemagne par exemple). Devant ces difficultés, les chefs d’entreprise préfèrent vendre à un tiers.

La fiscalité sur la transmission doit être assouplie pour pérenniser ces modèles économiques.

Aujourd’hui quel doit être le rôle du politiquepour accompagner le développement économique ?

Un élu doit être un facilitateur. La volonté politique, qu’elle soit locale ou nationale, doit être forte pour favoriser l’implantation et le développement des entreprises. Cela doit se traduire par des incitations fiscales (des offres de terrain par exemple) et par une politique de formation efficace et adaptée aux besoins locaux.

En France, chaque année, plus de 400 000 recrutements ne se font pas faute de candidat qualifié.  Des milliards d’euros sont alloués à la formation. Or on constate une inadéquation entre les besoins des entreprises et la qualification de main d’œuvre. En Vendée, les formations essaient de répondre fidèlement aux besoins des entreprises locales. Des entreprises qui peuvent parfois être concurrentes, se rassemblent pour financer des formations communes. C’est une autre des clés de cette réussite économique.

De plus, les entreprises attendent un assouplissement du code du travail pour libérer l'embauche, une stabilisation et une simplification du cadre législatif et réglementaire français comme européen, un allégement significatif de la fiscalité et du coût du travail (baisse des charges salariales et patronale) ainsi qu’une simplification de la transmission d'entreprises. Ce ne sera qu’à ces conditions que les entreprises françaises se développeront et créeront de l’emploi.
Dans un contexte d’innovation numérique et de contraintes environnementales, notre rôle d’élu doit être d’accompagner les entreprises à maintenir et faire évoluer les emplois.

Petit déjeuner autour de Mohed Altrad, entrepreneur mondial 2015

Il est né dans le désert syrien et s’il avait écouté son entourage, il aurait gardé les chèvres, comme chaque bédouin de sa tribu. Ses efforts, sa détermination, lui ont permis de vaincre les à priori, d’avancer et de construire en 30 ans un groupe qui compte 17 000 salariés pour un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros.

Elu en juin 2015 entrepreneur mondial de l’année, Mohed Altrad, le champion des échafaudages et des bétonnières dédie sa victoire à la France, le pays qui lui a donné toutes les chances pour réussir.

Lors du petit-déjeuner, Mohed Altrad nous a délivré un beau message d’espoir « Je fais le maximum pour que mon histoire soit connue, pour montrer qu’il n’y a rien d’impossible en termes de création économique dans notre pays. On peut faire beaucoup en partant de rien. » et ajoute « Lorsque j’interviens dans des lycées ou collèges des quartiers défavorisés, où l’immigration est importante, le discours de ces jeunes est dur. Ils disent que la France est raciste, xénophobe, que la France ne fait rien pour eux. J’essaie de leur expliquer que c’est tout le contraire en leur présentant mon parcours. Je leur explique que lorsqu’on est Français, d’origine étrangère en France, on doit trouver sa place dans la société. Je suis Français tout en étant d’ailleurs et je n’oublie pas mes racines et ma culture ; Etre Français, ça impose des droits mais aussi des devoirs. »

Tribune dans le Figaro : Révolution numérique n'ayons pas peur !