Guy Bricout

Revue GEEA : La sécurité et l'économie

Revue GEEA : Entre ambition et sobriété : faut-il choisir?

Revue GEEA : Industrialisation - Relocalisation : Impossible n'est pas français

NOTRE REVUE GEEA : ENTRE POSSIBLE ET IMPOSSIBLE, DEUX LETTRES ET UN ETAT D'ESPRIT

Dentelle et broderie du Nord : La poursuite d'un savoir-faire ancestral par Guy Bricout

Capture d’écran 2020-11-13 à 12.13.41.png

Le Caudrésis-Catésis est riche d’une histoire textile depuis des siècles. Dès l’an 1300, l’on raconte que la batiste, une toile de lin fin, était importée dans les cours royales européennes. Aujourd’hui, malgré l’industrialisation, une concurrence internationale grandissante et le passage à l’ère numérique, les meilleurs artisans poursuivent méticuleusement la fabrication d’ouvrages de qualité et commercent avec le monde entier. Ancien Vice-Président du département du Nord en charge de l’aménagement du territoire, Guy Bricout a aussi été le maire de Caudry pendant 22 ans. Déterminé à valoriser et protéger ce patrimoine artisanal français, le député participe régulièrement aux travaux des groupes d’études « métiers d’art » et « industrie du luxe » à l’Assemblée nationale et s’active auprès de la région et du Gouvernement, tapant même à la porte de l’Elysée. De fil en aiguille, il est devenu le porte-voix des fabricants de dentelle et de broderie, au savoir- faire à sauvegarder.

L’histoire de Caudry, de Calais et de Villers-Outréaux est intimement liée au lin, à la dentelle et à la broderie.

Pour quelles raisons ?

Après 1790 et l’émergence du coton, les métiers à tulle se sont rapidement déve- loppés à Caudry et à Calais alors que Villers-Outréaux proche de l’Abbaye de Vaucelles allait profiter de la connaissance des moines de l’Abbaye et s’illustrer dans la broderie.

Calais et Caudry sont devenues rapidement les principaux centres de production d’une dentelle d’exception.

Vers 1905, Calais a connu une apogée extraordinaire avec plus de 500 fabriques, 3 000 machines et 40 000 ouvriers et s’est spécialisée dans la lingerie et la corseterie. A Caudry, à la même époque, il y avait 600 métiers « Leavers », 140 fabricants et la population était passée de 6 000 à 14 000 habitants. Aujourd’hui la France possède encore 80 % des machines « Leavers ». Le dernier métier a été fabriqué en 1954 en Angleterre. Elles produisent une dentelle haut de gamme utilisée par les grands couturiers et portée par les plus grandes dames au monde.

Créé en 2015, le Label « Dentelle de Calais- Caudry ® » renforce sa valeur patrimoniale. Il certifie la spécificité de cette dentelle précieuse tissée selon un procédé original et traditionnel.

Comment analysez-vous la situation ?

Les principaux obstacles ont été identifiés : la baisse des commandes, le manque de com- pétitivité face à une concurrence asiatique 7 à 15 fois moins chère, l’augmentation des copies de dessins et modèles. Leurs causes ont été aussi analysées : la baisse de la consommation mondiale, les chan- gements de consommation et stylistiques, une concurrence internationale fortement accrue sur la dentelle, une réglementation Export complexe.

Quel est le sens de votre action d’élu de la Nation à leurs côtés ?

Je suis intervenu auprès des Ministres de l’Economie et de la Culture afin que cette Appellation d’Origine Contrôlée puisse voir l’ensemble de son « Process Dentelle » inscrit au registre du patrimoine culturel français. Dans notre région, la filière textile employait 11 700 personnes en 2017. La Dentelle « Leavers » et les ennoblisseurs associés représentent encore près de 1 000 emplois pour 17 sociétés et réalisent un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros dont plus de 75 % à l’export (Amérique, Proche et Moyen Orient et Asie).

Les brodeurs emploient aujourd’hui plus de 300 salariés pour 15 entreprises principa- lement basées autour de Villers-Outréaux. Je multiplie les rencontres, notamment avec la conseillère parlementaire du Président de la République sur ces questions. J’ai aussi attiré l’attention d’Emmanuel Macron sur l’impérieuse nécessité de maintenir le « Crédit Impôt Collection » qui permet de soutenir l’innovation en investissant notam- ment dans la recherche.

Pouvez-vous compter sur d’autres soutiens dans ce combat ?

Elus régionaux, départementaux, locaux, chefs d’entreprises, organisations syndi- cales et patronales sont aussi préoccupés et très mobilisés.

La région des Hauts-de-France a voté dernièrement, des crédits pour la réali- sation d’une étude préalable à un « Plan Régional en faveur des Métiers d’Arts des Hauts-de-France ».

Quelles sont les prochaines étapes ?

J’ai proposé au Chef de l’Etat que soit désigné un conseiller technique afin de faire face collectivement à leurs problé- matiques. Les dentelliers et brodeurs ont aujourd’hui besoin du soutien de nous tous pour défendre notre patrimoine, l’emploi, le développement économique, le savoir- faire français et l’histoire de notre pays. Mon objectif serait que soit créée une mis- sion parlementaire sur ce sujet. La dentelle et la broderie, c'est une partie de notre histoire de France.


Petit-déjeuner autour de Jean-Paul AGON, PDG du groupe L'Oréal

En présence d’Olivier Dassault, Jean-Michel Fourgous, Emmanuelle Anthoine, Sophie Auconie, Belkhir Belhaddad, Grégory Besson-Moreau, Jean-Marie Bockel, Pascal Bois, Yves Bouloux, Valérie Boyer, Guy Bricout, Guillaume Chevrollier, Pierre Cordier, Pierre Cuypers, Loïc Dombreval, Virginie Duby-Muller, Daniel Fasquelle, Nicolas Forissier, Laurent Garcia, Meyer Habib, Michel Herbillon, Stéphanie Kerbarh, Véronique Louwagie, Gilles Lurton, Emmanuel Maquet, Frédérique Meunier, Frédéric Reiss, Vincent Segouin, Laurence Trastour-Isnart, Pierre Vatin, Arnaud Viala, Michel Vialay

En présence d’Olivier Dassault, Jean-Michel Fourgous, Emmanuelle Anthoine, Sophie Auconie, Belkhir Belhaddad, Grégory Besson-Moreau, Jean-Marie Bockel, Pascal Bois, Yves Bouloux, Valérie Boyer, Guy Bricout, Guillaume Chevrollier, Pierre Cordier, Pierre Cuypers, Loïc Dombreval, Virginie Duby-Muller, Daniel Fasquelle, Nicolas Forissier, Laurent Garcia, Meyer Habib, Michel Herbillon, Stéphanie Kerbarh, Véronique Louwagie, Gilles Lurton, Emmanuel Maquet, Frédérique Meunier, Frédéric Reiss, Vincent Segouin, Laurence Trastour-Isnart, Pierre Vatin, Arnaud Viala, Michel Vialay

Il y a quelques années, notre invité dînait dans un restaurant chinois du 13ème arron- dissement de Paris. L’histoire ne dit pas avec qui, ni où, ni quoi. Quoi qu’il en soit, son « fortune cookie » disait : « vous avez beaucoup de chance, mais vous en aurez besoin ». Une prédiction tout à fait exacte ! Avant de devenir le 5ème PDG en 100 ans d’existence de L’Oréal, l’indétrônable pre- mier groupe de cosmétique au monde, aux 36 marques, couvrant tous les pays, toutes les gammes de prix, répondant à tous les besoins beauté, Jean-Paul Agon y fait ses classes dès sa sortie d’HEC. La consécration ? Ce sera en 1997, quand il prendra en charge le développement de toutes les activités de la zone Asie. Son arrivée coïncidera avec la crise financière du continent. Le succès a été tel, que le groupe lui confiera ensuite la direction de L’Oréal Etats-Unis... une semaine avant le 11 septembre. Rappelez-vous du « fortune cookie » ! Quel est le secret de cette aurore L’Oréal, devenue la marque française la plus puissante dans le monde ? Mélangez la stabilité, l’énergie, l’audace, l’intuition L’Oréal, c’est un empire qui a réussi à s’adapter. Il est aussi un des premiers à avoir anticipé « la révolution digitale » en offrant une nouvelle « expérience produit » aux clients. « Aujourd’hui, c’est déterminant. Le digital est l’avantage compétitif majeur en matière de relations avec les consommateurs, de marques, de mar- keting, de communication ou encore de e-commerce. Il représentait 0% de notre chiffre d’affaires il y a encore 5 ans. Aujourd’hui, nous en sommes à 13,5% et surtout il connaît une croissance de 50% par an, soit pratiquement la totalité de la croissance globale pour le groupe. » soulève Jean-Paul Agon.

Notre pays ne représente que 7 % de son chiffre d’affaires et pourtant 25% de la production industrielle mondiale et les deux tiers des investissements en matière de recherche se passent sur notre sol. Le cœur stratégique de L’Oréal est incontestablement en France. Ce fleuron international paie 25% de ses impôts mondiaux en France.

Il conclura par ces mots « Il faut anticiper ce qu’il va se passer et prendre les bons paris, les bons virages et être toujours extrêmement agile de façon à pouvoir bouger en fonction des évolutions. C’est une très belle aventure grâce à des équipes absolument formidables. Nous sommes une entreprise avec une culture très forte, que nous avons tou- jours gardée, lorsque nous relisons les maximes aujourd’hui d’Eugène Schueller ou de François Dalle, les mêmes valeurs persistent, applicables dans un monde différent, avec des technologies différentes. Nous sommes humanistes, avec la volonté de l’excellence et celle de gagner. Nous avons aussi la chance d’avoir beaucoup de gens qui veulent nous rejoindre, nous recevons environ 1 million 500 milles candidatures chaque année dans le monde. C’est une aventure qui n’a que 110 ans et nous sommes bien tous décidés chez L’Oréal à la faire continuer très longtemps. » Quelle belle note d’espoir pour le savoir-faire français et son rayonnement !