Virginie Duby-Muller

Revue GEEA : La sécurité et l'économie

La cybersécrurité : un enjeu démocratique majeur par Virginie Duby-Muller

Aujourd’hui les cyberattaques ne cessent de se multiplier : depuis février 2020, 1377 raids informatiques avec demande de rançons ont été répertoriés en France.
Virginie Duby-Muller, député de la Haute-Savoie et Vice-Présidente du groupe d’études « Économie, sécurité et souveraineté numériques » alerte sur l’importance d’apporter des réponses coordonnées et proportionnées à cette menace importante pour notre économie et plus largement notre démocratie.

Ces dernières années ont été marquées par la montée en puissance continuelle des cyberattaques, faisant de la cybersécurité
un enjeu majeur aussi bien pour
les professionnels que pour les particuliers ou les administrations. Qu’en est-il réellement aujourd’hui ?

La transformation numérique que nous avons connue ces dernières années a mécaniquement entraîné de nouvelles menaces en matière de cybersécurité. Ainsi, récemment, lors de la pandémie de coronavirus, les entreprises ont dû s’adapter au télétravail, ouvrant ainsi de nouvelles portes et plus de possibilités pour les cybercriminels. 2021 a donc été marquée par une augmentation de 68% des cyberattaques en Europe, selon le spécialiste en cybersécurité israélien CheckPoint. Le secteur de la santé a été particulièrement touché (+108% d’attaques), ainsi que les secteurs banque/ finance (+98%) et administration/défense (+86%).

L’année 2022 a vu les actes de piratage continuer d’augmenter, cette fois renforcés par la guerre en Ukraine et la complexification des relations entre la Russie et le monde occidental. La protection contre les cyberattaques est plus que jamais devenue un enjeu majeur pour les entreprises et les États. Aucun secteur n’est épargné : l’industrie, l’agriculture, la finance, l’hôpital ou les collectivités locales, tous peuvent désormais faire l’objet d’une cyberattaque. Ainsi en Haute-Savoie, la mairie d’Annecy et celle de Ville-La-Grand ont été attaquées. Sans compter l’Assemblée nationale et le Sénat qui ont également subi une attaque russe, ce qui montre le danger que courent nos démocraties.

Les conséquences des attaques des hackers peuvent aussi être lourdes et polymorphes (atteintes économiques, pertes de données, paralysie des systèmes d’information, piratage d’infrastructures sensibles...). Dans ce monde chaque jour plus dangereux, la guerre en Ukraine a montré que la manière de faire la guerre évolue elle aussi : outre les champs de conflictualité traditionnels (l’air, la terre et la mer), il faut désormais ajouter l’espace et les fonds marins mais aussi les champs immatériels tels que le cyberespace ou les fake news. Les cyberattaques constituent des

actes de guerre. C’est pourquoi, j’ai voté en faveur de la Loi de Programmation Militaire 2030 qui consacre un effort budgétaire substantiel de 413 milliards d’euros dédié à nos armées, soit 2% du PIB, dont 4 milliards pour le cyber, 6 milliards pour l’espace, 8 milliards pour le numérique et 10 milliards pour l’innovation. Aux moyens financiers s’ajoute un renforcement des prérogatives des agents de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) pour lutter plus efficacement contre le risque cyber.

Comment lutter contre la cybercriminalité ?

Les États comme les entreprises ont désormais pris conscience des dangers numériques qu’ils encourent. Le secteur de la cybersécurité est donc particulièrement dynamique : les solutions de cybersécurité se perfectionnent constamment, se tournant vers des technologies mêlant intelligence artificielle, mutualisation et utilisation d’informations diverses, prises de décision automatisée, ou encore analyse du comportement des utilisateurs pour les outils les plus avancés. Le Forum International de la cybersécurité, qui se tient chaque année à Lille, permet de constater le dynamisme de l’ensemble de l’écosystème, dynamisme que les pouvoirs publics soutiennent.

Je pense ainsi au plan de 1 milliard d’euros pour renforcer la cybersécurité qui s’inscrit désormais dans la stratégie nationale d’accélération de la filière cybersécurité dans le cadre de France 2030 qui comprend notamment un financement public de 250 millions d’euros pour développer plusieurs volets ou à l’effort dans la LPM.

Au-delà de l’aspect financier, il faut mettre en place une stratégie globale pour développer une filière française de la cybersécurité. L’inauguration du Campus Cyber, inspiré de l’exemple israélien de Berska, y contribuera, je l’espère. En effet, ce campus rassemble sur un même site des entreprises (grands groupes, PME), des services de l’État, des organismes de formation, des acteurs de la recherche et des associations afin de mettre en œuvre des actions communes en matière de cybersécurité.

Ces mesures suffisent-elle ?

S’il est important de mutualiser les compétences afin de lutter toujours plus efficacement contre les cyberattaques, il faut également renforcer les moyens alloués à la police. La police française a d’ailleurs axé son action sur la coopération internationale. Les policiers de la BLC2 ont ainsi mené seize missions à l’étranger en 2022. En effet, les hackeurs ignorent les frontières : il est donc essentiel que les polices coopèrent et échangent des informations indispensables au démantèlement des réseaux criminels. Afin d’optimiser les recoupements opérationnels, les polices pourraient aller plus loin en harmonisant leurs méthodes de travail sur la prise de plaintes ou les méthodes d’investigation. Indéniablement, les JO de Paris seront un test grandeur nature de notre capacité à lutter efficacement contre les attaques cyber.

Revue GEEA : Entre ambition et sobriété : faut-il choisir?

Revue GEEA : Industrialisation - Relocalisation : Impossible n'est pas français

NOTRE REVUE GEEA : ENTRE POSSIBLE ET IMPOSSIBLE, DEUX LETTRES ET UN ETAT D'ESPRIT

Petit-déjeuner autour de Jean-Paul AGON, PDG du groupe L'Oréal

En présence d’Olivier Dassault, Jean-Michel Fourgous, Emmanuelle Anthoine, Sophie Auconie, Belkhir Belhaddad, Grégory Besson-Moreau, Jean-Marie Bockel, Pascal Bois, Yves Bouloux, Valérie Boyer, Guy Bricout, Guillaume Chevrollier, Pierre Cordier, Pierre Cuypers, Loïc Dombreval, Virginie Duby-Muller, Daniel Fasquelle, Nicolas Forissier, Laurent Garcia, Meyer Habib, Michel Herbillon, Stéphanie Kerbarh, Véronique Louwagie, Gilles Lurton, Emmanuel Maquet, Frédérique Meunier, Frédéric Reiss, Vincent Segouin, Laurence Trastour-Isnart, Pierre Vatin, Arnaud Viala, Michel Vialay

En présence d’Olivier Dassault, Jean-Michel Fourgous, Emmanuelle Anthoine, Sophie Auconie, Belkhir Belhaddad, Grégory Besson-Moreau, Jean-Marie Bockel, Pascal Bois, Yves Bouloux, Valérie Boyer, Guy Bricout, Guillaume Chevrollier, Pierre Cordier, Pierre Cuypers, Loïc Dombreval, Virginie Duby-Muller, Daniel Fasquelle, Nicolas Forissier, Laurent Garcia, Meyer Habib, Michel Herbillon, Stéphanie Kerbarh, Véronique Louwagie, Gilles Lurton, Emmanuel Maquet, Frédérique Meunier, Frédéric Reiss, Vincent Segouin, Laurence Trastour-Isnart, Pierre Vatin, Arnaud Viala, Michel Vialay

Il y a quelques années, notre invité dînait dans un restaurant chinois du 13ème arron- dissement de Paris. L’histoire ne dit pas avec qui, ni où, ni quoi. Quoi qu’il en soit, son « fortune cookie » disait : « vous avez beaucoup de chance, mais vous en aurez besoin ». Une prédiction tout à fait exacte ! Avant de devenir le 5ème PDG en 100 ans d’existence de L’Oréal, l’indétrônable pre- mier groupe de cosmétique au monde, aux 36 marques, couvrant tous les pays, toutes les gammes de prix, répondant à tous les besoins beauté, Jean-Paul Agon y fait ses classes dès sa sortie d’HEC. La consécration ? Ce sera en 1997, quand il prendra en charge le développement de toutes les activités de la zone Asie. Son arrivée coïncidera avec la crise financière du continent. Le succès a été tel, que le groupe lui confiera ensuite la direction de L’Oréal Etats-Unis... une semaine avant le 11 septembre. Rappelez-vous du « fortune cookie » ! Quel est le secret de cette aurore L’Oréal, devenue la marque française la plus puissante dans le monde ? Mélangez la stabilité, l’énergie, l’audace, l’intuition L’Oréal, c’est un empire qui a réussi à s’adapter. Il est aussi un des premiers à avoir anticipé « la révolution digitale » en offrant une nouvelle « expérience produit » aux clients. « Aujourd’hui, c’est déterminant. Le digital est l’avantage compétitif majeur en matière de relations avec les consommateurs, de marques, de mar- keting, de communication ou encore de e-commerce. Il représentait 0% de notre chiffre d’affaires il y a encore 5 ans. Aujourd’hui, nous en sommes à 13,5% et surtout il connaît une croissance de 50% par an, soit pratiquement la totalité de la croissance globale pour le groupe. » soulève Jean-Paul Agon.

Notre pays ne représente que 7 % de son chiffre d’affaires et pourtant 25% de la production industrielle mondiale et les deux tiers des investissements en matière de recherche se passent sur notre sol. Le cœur stratégique de L’Oréal est incontestablement en France. Ce fleuron international paie 25% de ses impôts mondiaux en France.

Il conclura par ces mots « Il faut anticiper ce qu’il va se passer et prendre les bons paris, les bons virages et être toujours extrêmement agile de façon à pouvoir bouger en fonction des évolutions. C’est une très belle aventure grâce à des équipes absolument formidables. Nous sommes une entreprise avec une culture très forte, que nous avons tou- jours gardée, lorsque nous relisons les maximes aujourd’hui d’Eugène Schueller ou de François Dalle, les mêmes valeurs persistent, applicables dans un monde différent, avec des technologies différentes. Nous sommes humanistes, avec la volonté de l’excellence et celle de gagner. Nous avons aussi la chance d’avoir beaucoup de gens qui veulent nous rejoindre, nous recevons environ 1 million 500 milles candidatures chaque année dans le monde. C’est une aventure qui n’a que 110 ans et nous sommes bien tous décidés chez L’Oréal à la faire continuer très longtemps. » Quelle belle note d’espoir pour le savoir-faire français et son rayonnement !


Notre revue GEEA : Entreprises : les bons tuyaux pour l'innovation et l'emploi

Petit-déjeuner autour de Catherine Colonna, ambassadrice, représentante permanente de la France auprès de l'OCDE

En présence d’Olivier Dassault, Pascal Bois, Yves Bouloux, Bernard Brochand, Guillaume Chevrollier, Josiane Corneloup, Pierre Cuypers, Olivier Damaisin, Typhanie Degois, Philippe Dominati, Virginie Duby-Muller, Jean-Jacques Ferrara, Claude de Ganay, Laurent Garcia, Michel Herbillon, Alain Houpert, Brigitte Kuster, Constance Le Grip, Sylvain Maillard, Eric Pauget, Frédéric Reiss et Pierre Vatin.

sur le thème :

« TAXATION DES GAFA : RÉVOLUTION MONDIALE OU EXCEPTION FRANÇAISE ? »

Petit déjeuner autour de Geoffroy Roux de Bezieux, Président du Medef

En présence d’Olivier Dassault, Jean-Michel Fourgous, Valérie Bazin-Malgras, Michel Herbillon, Grégory Besson-Moreau, Valérie Boyer, Yves Bouloux, Bernard Brochand, Gérard Cherpion, Eric Diard, Loïc Dombreval, Jean-Pierre Door, Virginie Duby-Muller, Daniel Fasquelle, Meyer Habib, Laurent Garcia, Philippe Latombe, Charles de La Verpillère, Christophe Naegelen, Bernard Perrut, Jean-François Rapin, Isabelle Valentin, Pierre Vatin, Arnaud Viala et Michel Vialay.

sur le thème :

« QUELS CHANGEMENTS POUR LES ENTREPRISES ET LE MEDEF DANS CE MONDE QUI SE TRANSFORME ? »

Notre revue GEEA : Accélérons la croissance !

Défendre le bon sens pour nos entreprises françaises par Virginie Duby-Muller

Virginie Duby-Muller est Députée de la 4ème circons-cription de la Haute-Savoie depuis le 17 juin 2012,membre de la Commission des Affaires culturelles et de l’éducation, de la Délégation aux droits des femmes, et de la Commissionsupérieure du Numérique et des Postes.Elle est 1er Vice-Président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale.

Diplômée de Sciences Po Grenoble en 2000 (section Service Public) et d’un DESS Économiste d’Entreprise (UPMF Grenoble), elle fut collaboratrice par-lementaire de Marc Francina, Député-Maire d’Evian-les-Bains, et de Jean-PierreLe Ridant, Député de Loire-Atlantique à Paris de 2002 à 2007.

De 2007 à juin 2012, elle fut responsable de la permanence d’Annemasse de Claude Birraux, Député sortant etConseiller Général.

Elle devient Conseiller départemental du canton de Saint-Julien-en-Genevois,en mars 2015, et fut Vice-Président du Conseil départemental en charge des Affaires transfrontalières et européennes jusqu’en juillet 2017. Elle fut égalementPrésident du Syndicat mixte d’aména-gement du Genevois (SMAG) de 2015 à 2017, et Président du Conseil du Léman.

En tant que parlementaires, nous contrôlons l’action du Gouvernement, mais nous nousdevons aussi d’être force de proposition.Parmi nos armes pour agir : les proposi- tions de lois. Nous sommes souvent aler- tés par nos concitoyens sur des pratiques législatives qui fonctionnent mal, qui les ralentissent voire les handicapent.

J’ai ainsi été interpellée en mars 2018 par un article de presse relatant la situationubuesque dans laquelle se retrouvait le chef d’entreprise d’une PME. Il venait de recevoir un courrier de 9 pages de l’Inspec- tion du travail, l’alertant sur une soi-disant fraude réalisée par l’un de ses salariés. Le« fraudeur » en question... utilisait ses tickets restaurant le week-end ! L’anecdote peut faire sourire, mais les conséquences de cette situation sont dra- matiques : l’Inspection du travail, après avoir réalisé une « enquête » au McDonald’s, là où la « fraude » a été constatée, demande au chef d’entreprise de leur transmettre une fiche d’identité pénale détaillée sur son entreprise, et de joindre, pour le sala- rié concerné, de nombreuses informations personnelles : état civil, numéro de sécu- rité sociale, identité des parents, adresse personnelle, courriel personnel, statut, contrat de travail, bulletins de paie et rele- vés horaires... Et si le chef d’entreprise, qui a, on peut facilement l’imaginer, bien mieux à faire de son temps, refuse d’ob- tempérer, il pourra être sanctionné parune amende de 4ème classe, par salarié. Soit 135€/salarié.

Je suis restée marquée par cette histoire.

Comment peut-on en être arrivé en France à sanctionner un chef d’entre- prise, pour l’utilisation de ticket restau- rant de son salarié (qu’il a lui-même en partie payé) le week-end, dans un restau- rant ? Leur but premier n’est-il pas de leur permettre à chacun de gagner du pouvoir d’achat ? Le pouvoir d’achat et le panier de consommation de nos concitoyens doit-il est contrôlé entre la semaine et le week-end ? Les chefs d’entreprise, comme l’Inspection du Travail, n’ont-ils pas mieux à faire de leur temps ?

En réalisant plusieurs recherches législatives, je me suis rendue compte que le Code du Travail prévoit une réglementation particulièrement stricte concernant les titres-restaurant : cet avantage ne peut être utilisé que dans la zone géographique dans laquelle il lui a été remis. Un salarié de Haute-Savoie utilisant un ticket restaurant dans une aire d’autoroute du Sud de la France, même pendant ses heures de travail, serait ainsi « hors-la-loi ». L’utilisation du titre-restaurant est également interdite le dimanche et les jours fériés, à moins qu’il s’agisse d’un jour de travail. Elle est aussi limitée à un montant de 19 euros par jour.

Ces dispositions ont été instaurées en période de prospérité économique. La situa- tion en France aujourd’hui est tout autre : avec la crise économique des dernières années, la montée du chômage, les hausses d’impôts, et malgré une timide reprise depuis 1 an, nous ne pouvons-nous permettre d’handicaper davantage les français.

Le manque de souplesse actuel du Code du Travail sur l’utilisation des titres-restaurant se montre très problématique : chrono- phage et coûteux pour les chefs d’entre- prises, qui se retrouvent dans des procé- dures administratives délicates avec leurs employés ; improductive et injuste pour les salariés, qui ne peuvent profiter au mieux de l’avantage que peut représenter un ticket restaurant pour leur pouvoir d’achat ; et des enquêtes interminables pour l’Inspection du travail, alors que d’autres probléma- tiques urgentes et stratégiques doivent mobiliser les inspecteurs.

Aussi, à l’heure où nous devons changer la culture de l’administration vis-à-vis des entreprises et des contribuables, j’ai donc voulu défendre une mesure pragmatique, de bon sens. Ma proposition de loi, enregistrée par le Bureau de l’Assemblée nationale le 21 mars 2018, propose d’assouplir l’utilisation des tickets restaurant dans le Code du Travail, pour garantir leur but premier : assurer le déve- loppement d’une aide au repas bénéficiant d’un régime fiscal et social favorable, tant pour les entreprises que pour les salariés. Concrètement, mon texte modifie le Code du Travail pour y autoriser l’utilisation des titres-restaurant tous les jours de la semaine et dans l’ensemble de la France. Je propose aussi de doubler le plafond journalier de dépenses possible en titres-restaurant (de 19 euros à 38 euros).

Pour la croissance et le développement de nos entreprises, mais aussi pour le pouvoir d’achat des français, je pense qu’il n’y a pas de petits combats. La France a trop souffert ces dernières années d’une culture « anti-patrons », voire « anti-entreprise ». Nous devons tout mettre en œuvre pour garantir un bon sens administratif à l’égard de nos concitoyens. C’est un combat que je souhaite continuer à mener.

Notre revue GEEA : Un autre regard sur l'industrie

Petit déjeuner autour de Maurice Levy, Président du Conseil de surveillance de Publicis

EN PRÉSENCE D'OLIVIER DASSAULT, JEAN-MICHEL FOURGOUS, JEAN-CLAUDE BOUCHET, BERNARD BROCHAND, PIERRE CORDIER, TYPHAINE DEGOIS, VIRGINIE DUBY-MULLER, JEAN-JACQUES FERRARA, FABIEN DI FILIPPO, MEYER HABIB, CLAUDE DE GANAY, LAURENT GARCIA, SÉBASTIEN HUYGHE, BRIGITTE KUSTER, CHARLES DE LA VERPILLÈRE, CONSTANCE LE GRIP, JEAN-PAUL MATTEI, ERIC PAUGET, FRÉDÉRIC REISS, RAPHAEL SCHELLENBERGER, PIERRE VATIN, STÉPHANE VIRY

sur le thème :

"Entreprises et Médias font-ils bon ménage?"

Revue GEEA : Top départ pour la France !

Petit-déjeuner autour de Martin Bouygues

En présence d'Olivier Dassault, Jean-Michel Fourgous, Jacques-Alain Bénisti, Philippe Briand, Bernard Brochand, Guillaume Chevrollier, Edouard Courtial, Virginie Duby-Muller, Claude de Ganay, Annie Genevard, Claude Greff, Valérie Lacroute, Charles de la Verpillère, Isabelle Le Callennec, Marc Le Fur, Véronique Louwagie, Gilles Lurton, Patrice Martin-Lalande, Yannick Moreau, Pierre Morel A l'Huissier, Yves Nicolin, Patrick Ollier, Bernard Perrut, Frédéric Reiss, Arnaud Robinet, François Scellier, 

autour de Martin Bouygues

Président Directeur Général du groupe Bouygues

sur le thème :

"Normes et contraintes fiscales : comment continuer à être performant ?"

La dernière revue est en ligne !

GEEA vient de publier son livre blanc !

Virginie Duby-Muller, la Technopole d’Archamps et l’entrepreneuriat politique par Virginie Duby-Muller

Député de Haute Savoie depuis 2012, Vice-président du Conseil départemental de Haute-Savoie chargé des affaires transfrontalières et européennes depuis 2014, Virginie Duby-Muller est également président du Syndicat Mixte d’Aménagement du Genevois (SMAG) depuis mai 2015. Cette instance politique, composée d’élus du Département et de la Communauté de Communes du Genevois, élabore la stratégie générale de la Technopole d’Archamps et en fixe les grandes orientations.

Archamps Technopole, c’est un outil d’aménagement du territoire et un outil de développement économique. Retour sur cette « aventure Technopole ».

Pourquoi avoir voulu implanter une technopole sur ce territoire, à la frontière franco-suisse, plutôt qu’ailleurs ?

En 1985, le Département de la Haute-Savoie, avec l’appui de scientifiques et d’industriels, a pris l’initiative de créer le SMAG. L’enjeu initial était de créer et de maintenir l’emploi dans cette zone transfrontalière fortement déséquilibrée par la proximité de la ville de Genève, où le marché de l’emploi, notamment dans le tertiaire, est très attractif. Archamps Technopole est donc née de la volonté des acteurs publics locaux d’amorcer un rééquilibrage de l’économie frontalière. La force des autorités publiques a été de ne pas choisir l’option la plus simple, qui aurait consisté à développer une économie résidentielle - la population transfrontalière étant passée de 400 000 en 1962 à 950 000 en 2014-, mais bien davantage de développer un pôle d’emplois qualifiés à haute valeur technologique. Sans cette ambition initiale partagée, il n’y aurait sans doute jamais eu de développement économique du Genevois.

Le choix a donc été de miser sur l’innovation et les compétences existant à Genève et alentours, pour développer des coopérations transfrontalières en nouant des liens avec des institutions de renommée internationale, la suisse romande présentant un vivier de compétences et de savoir-faire indiscutables (CERN, Universités de Genève et de Lausanne). C’est notamment ainsi qu’a pu se créer l’ESI (European Scientific Institute) qui accueille des filières d’enseignement supérieur développées avec l’expertise du CERN. Au fil du temps de véritables compétences professionnelles se sont agrégées. En tant qu’élue locale, profondément attachée à mon territoire, je souhaite continuer à miser sur la coopération transfrontalière et les projets collaboratifs, pour mutualiser les compétences. Et aujourd’hui, c’est plutôt réussi !

On comprend cette volonté locale de se doter d’ « outils » économiques pour les territoires ; quels résultats aujourd’hui, quel bilan ?

Aujourd’hui, Archamps Technopole c’est plus de 1 700 salariés au sein de 220 sociétés et organismes divers, parmi lesquels un fournisseur de rang 1 d’Airbus (Meggitt Sensorex). Par sa situation géographique, à 40 km d’Annecy et à 15 minutes de l’aéroport international de Genève, au carrefour des autoroutes A40 (Lyon-Turin) et A41 (Grenoble-Genève), la Technopole bénéficie d’un accès facilité aux marchés Rhône-Alpin, Genevois et Suisse, et plus largement européen. Implanté au cœur d’un environnement privilégié, au pied du Mont Salève, le site d’Archamps Technopole qui couvre actuellement 40 ha(135 000 m² de surfaces construites), s’étendra prochainement sur 18 ha supplémentaires. C’est grâce à une offre immobilière diversifiée et de qualité, et des services le plus en adéquation possible avec les besoins des entreprises, que la Technopole a connu un tel développement. Si la dimension économique ne peut se résumer à la dimension immobilière, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit, à l’évidence, d’un préalable indispensable.

On peut véritablement parler aujourd’hui d’une « success story » pour la Technopole, notamment en ce qui concerne l’innovation, sur laquelle nous avons choisi de miser en créant un « pôle R&D » attractif et reconnu (label RETIS). Nous avons en effet contribué au développement de deux plateformes technologiques qui ont permis d’attirer des compétences fortes et rares.

C’est tout d’abord la Plateforme Biopark d’Archamps (PBA) qui est devenue l’outil emblématique de la Technopole, concrétisant ainsi l’ambition des acteurs institutionnels de développer, en zone frontalière, un pôle exemplaire dans les domaines des sciences du vivant et des biotechnologies. Dotée d’une part de matériel de haute technologie (spectromètres de masse et chromatographie liquide à haute performance), d’autre part de compétences académiques reconnues, elle constitue un vivier de savoir-faire, essentiel au développement économique du territoire. De plus, l‘association PBA dispose d’un agrément et d’une éligibilité au crédit d’impôt recherche, ce qui constitue un atout non seulement pour les entreprises usagères des services fournis, mais également pour l’association elle-même dans le cadre de ses propres activités de recherche. La plateforme BioPark d’Archamps représente sans doute un des modèles d’avenir.

C’est ensuite MIND, plateforme technologique de soutien à l’innovation, dans les secteurs de la mécatronique, la plastronique et la « woodtronique ». Elle accompagne les entreprises pour développer et mettre au point de nouveaux applicatifs dans ces domaines, à partir de briques technologiques issues de la recherche publique. Ces deux entités ont noué des liens étroits avec leur région d’implantation. Je citerai notamment les collaborations de MIND avec le Pôle de compétitivité Mont Blanc Industries et l’Université Savoie Mont Blanc ainsi que celles de Biopark avec l’Université Grenoble-Alpes. Les deux plateformes intègrent également une forte vocation transfrontalière franco-suisse.

Le bilan semble en effet être positif ; avez-vous de nouveaux projets ? La Technopole, comme de nombreux cluster et entreprises françaises, n’est-elle pas confrontée à de nouveaux défis ? Quid de l’évolution des activités et des marchés ?

De grands chantiers sont programmés pour 2016. C’est tout d’abord un territoire qui s’agrandit avec prochainement l’aménagement et la commercialisation de 18 hectares supplémentaires, avec d’ores et déjà des projets en attente. C’est ensuite un nouveau Centre de convention repensé et réaménagé de façon à répondre aux besoins des entreprises avec des outils technologiques multimédia modernes. Son orientation vers le tourisme d’affaires devient une priorité pour les acteurs de la Technopole. Cet équipement, grâce à son adaptation aux marchés et aux clientèles, doit trouver un positionnement stratégique le plus pertinent qui soit ; nous travaillons sur ce point. C’est ensuite le renforcement des deux plateformes technologiques qui seront prochainement regroupées sur un site unique entièrement rénové.

Pour l’avenir, il est important de doter les plateformes d’instruments technologiques de dernière génération, offrant des possibilités de recherche et de services nouveaux ou complémentaires à ceux existants. L’inscription au Contrat de Plan Etat-Région du projet « TRANS.IN.TECH » (Transfert, Innovation et Technologies) témoigne de la reconnaissance de nos partenaires, que sont l’Etat, la Région et le Département, du potentiel de la Technopole. Ce sont en effet 5 millions d’euros qui seront consacrés aux deux plateformes et à l’ESI pour leur permettre un développement optimal.

Pour le politique, intervenir dans le domaine privé et entrepreneurial n’est pas toujours une évidence ; quel a été le positionnement choisi par les élus pour cette Technopole ? Quel est votre rôle en tant qu’élue, en tant que personnalité politique, face à ce climat parfois hostile au développement des entreprises ?

Archamps Technopole a été créée par les acteurs publics locaux : le Département de la Haute Savoie et la Communauté des Communes du Genevois. L’objectif était d’opérer un rééquilibrage des activités sur cet espace frontalier, à savoir l’augmentation de l’offre de logements pour la Suisse et la création d’emplois pour la France.

Notre rôle en tant qu’élu est bien d’assurer à nos territoires les moyens de se développer en créant de l’emploi. C’est leur survie qui en dépend. L’action publique trouve toute sa légitimité dans ce développement économique. Beaucoup d’entreprises de la Technopole sont de très petites entreprises, voire des start-ups. Bon nombre d’entre elles œuvrent dans la biotechnologie et on sait qu’en matière de santé et de médecine personnalisée, les projets de recherche et le développement de médicaments portent sur des durées importantes (10 à 15 ans) ; le retour sur investissement est donc très long. Actuellement, les industriels recherchent une rentabilité à court terme et l’innovation thérapeutique ne semble plus représenter la pierre angulaire des grosses entreprises pharmaceutiques. Entre la pharmacologie et la recherche académique se positionnent les biotechnologies qui peuvent rentrer dans les premières phases de développement des médicaments, avant d’intégrer les Big Pharma. Il est donc important d’associer recherche & développement et entreprises, d’écouter les entrepreneurs, d’entendre leurs besoins et de les accompagner en leur assurant une visibilité à 3 ou 5 ans. Nous ne pouvons rester les bras croisés face aux difficultés que connaissent les entreprises qui s’efforcent de créer de l’activité malgré des dispositifs de plus en plus lourds et de plus en plus contraignants.

Par ailleurs, force est de constater que la diminution des ressources et les contraintes budgétaires qui s’imposent aux collectivités impliquent une gestion plus stricte du modèle. Il s’agit de pouvoir assurer la mise en œuvre de projets d’envergure, tout en intégrant la réalité d’un quotidien qui impose rigueur et pragmatisme. Aujourd’hui, j’essaye de parler de rationalisation de l’existant, pour rendre le modèle de fonctionnement de cette « grosse entreprise » plus efficace et plus efficient. L’important, c’est que la Technopole continue à être un outil dynamique au service du développement économique. Toutes les forces vives du territoire doivent être mobilisées au service d’un tissu entrepreneurial qui, s’il est fertile, porte en lui les gênes et la promesse d’un avenir meilleur pour les générations futures.

 

Justement, vous parlez de la rareté des ressources, en quoi la réforme territoriale engagée par le gouvernement risque telle d’impacter la Technopole ? 

 

L’adoption de la Loi NOTRe crée des incertitudes en raison notamment de l’abandon de la clause de compétence générale dont bénéficiaient jusqu’alors les départements. C’est grâce à cette compétence que la Technopole a pu voir le jour. C’est donc notre travail d’être attentif aux incidences de cette réforme sur le fonctionnement et les budgets des collectivités.

 

A ce titre, le Département de la Haute Savoie a engagé une démarche prospective sur les impacts de la loi NOTRe afin de mettre en place une organisation adaptée. A cette problématique s’ajoutent les contraintes budgétaires qui s’imposent aux collectivités, avec notamment la réduction des dotations étatiques. Pour toutes ces raisons, nous devons avoir une vraie vision stratégique. Dans l’attente de l’issue des négociations qui s’engagent entre le Département et la Région, le SMAG continuera d’assumer ses responsabilités et entretiendra un dialogue permanent avec ses partenaires. Je veillerai particulièrement à garantir l’avenir de la Technopole auprès de tous les acteurs impliqués.

Lu dans les Echos : La loi El Khomri, symbole de tous les renoncements

Lu dans les Echos : La loi El Khomri, symbole de tous les renoncements

90 parlementaires, membres de GEEA ont publié cette tribune dans les Echos pour dénoncer le projet de loi El Khomri.

Petit-déjeuner autour de Thibaud Simphal, directeur d'Uber France

En présence d'Olivier Dassault, Jean-Michel Fourgous, Arlette Grosskost, Michel Herbillon, Denis Jacquat, Jean-Michel Couve, Virginie Duby-Muller, Gérard Menuel, Frédéric Reiss, Arnaud Viala, Jean-Pierre Vial, Claude Sturni, Pierre-Morel-A-l'Huissier, Bérengère Poletti, Jean-François Mancel, Jean-Baptiste Lemoyne, Gilles Lurton, Claude de Ganay, Philippe Gosselin, Claude Greff, Isabelle Le Callennec

A l'occasion de son petit-déjeuner mensuel, GEEA, présidé par Olivier Dassault a reçu Thibaud Symphal, General Manager Uber France sur le thème : 

" UBER ou la révolution des services? "