Josiane Corneloup

Revue GEEA : La sécurité et l'économie

Petit déjeuner autour de Emmanuel Faber, Président du Conseil international des normes extra-financières (ISSB)

Ce matin-là, les parlementaires et chefs d’entreprise ne s’étaient pas levés pour Danette. Il étaient là pour échanger avec un grand patron dont la parole se fait désormais rare : Emmanuel Faber.

Thème : « L’ENTREPRISE RESPONSABLE, EST-ELLE SEULEMENT UNE OPTION ? »

Revue GEEA : Entre ambition et sobriété : faut-il choisir?

Concilier ambition économique et sobriété énergétique : l’enjeu est-il à notre portée ? par Josiane Corneloup

Dans un contexte budgétaire qui limite la visibilité à long terme, et de crises à répétition qui s’inscrivent dans la métamorphose des comportements, la question de la sobriété énergétique rend encore plus aléatoire l’avenir, et particulièrement celui des entreprises françaises. A peine remises de la crise sanitaire, confrontées à diverses pénuries, à la hausse des matières premières, les voilà aujourd’hui face à la crise énergétique. Si nos acteurs économiques n’ont d’autre choix que de rester ambitieux, à nous de les accompagner au mieux pour assurer cette transition et leur compétitivité. La question n’est plus de s’interroger sur le bien-fondé de la transition énergétique, mais de savoir comment la France, responsable d’environ 1% des émissions de gaz à effet de serre générées annuellement dans le monde, peut relever le défi de la neutralité carbone en trois décennies sans remettre en cause ses modes de vie tributaires des nouvelles technologies. Une équation complexe que Josiane Corneloup, députée de Saône-et-Loire, tente de résoudre

Que penser des préconisations aux entreprises ?

L’augmentation du prix de l’énergie a de quoi nous inquiéter, et encore plus les chefs d’entreprises qui n’ont aucune visibilité sur l’avenir. Lors d’une récente rencontre avec des entrepreneurs de ma circonscription, j’ai pu constater des prévisions d’augmentation de l’électricité jusqu’à 630% à compter de janvier prochain ! Comment faire face à de telles prévisions ? Et comment entendre la demande d’efforts supplémentaires alors que beaucoup de ces mesures (chauffage, éclairage, covoiturage, télétravail…) sont en place depuis longtemps dans les entreprises ; la chasse au gaspillage est une priorité des TPE, PME, artisans et commerçants qui n’ont pas attendu les préconisations du gouvernement.

Les dispositifs déployés peuvent-ils suffire ?

Des organismes comme l’Ademe proposent des guides pour réduire sa consommation avec des petits gestes au quotidien. Des audits permettent d’évaluer précisément la consommation énergétique d’un bâtiment ou d’améliorer certains postes. Le bouclier tarifaire, l’amortisseur d’électricité, de nombreux dispositifs de soutien et d’accompagnement existent. Toutefois, il faut être réalistes : toutes les entreprises ne rentrent pas dans les critères et il ne faut pas oublier non plus que certaines productions nécessitent des machines qui ne fonctionnent aujourd’hui qu’avec de l’électricité ; alors même avec la meilleure des volontés, rien ne peut les remplacer. Il est impératif d’intensifier la recherche pour recourir à de nouvelles technologies.

Comment aller plus loin dans les actions ?

Je suis toujours surprise que les réflexions autour des économies d’énergie ne conduisent à appréhender la sobriété énergétique qu’en proposant une réduction drastique des énergies fossiles. Peu de personnes s’interrogent sur l’impact environnemental du numérique alors que sa consommation en énergie continuera d’être exponentielle. Qui sait par exemple que le visionnage de toutes les vidéos dans le monde produit autant de gaz à effet de serre qu’un pays comme l’Espagne ? Et que dire du secteur spatial, des hébergeurs et fournisseurs des big datas qui réclament de plus en plus d’électricité ? Les énergies vertes peuvent atténuer les effets du numérique mais ne sauraient suffire. Méfions-nous aussi de l’effet rebond, le « paradoxe de Jevons » qui induit qu’une économie sur la consommation d’énergie au profit d’un individu ou d’une entreprise augmente de facto son pouvoir d’achat, et in fine, aboutit à augmenter sa consommation énergétique…

Le groupe SEEB à Chauffailles, spécialiste de l’usinage de pièces à forte valeur ajoutée de moyenne à grande dimensions, en petites et moyennes séries renouvelables, avec un savoir-faire reconnu à l’international.

« Nous n’avons pas attendu les annonces du gouvernement pour agir, expose Patrick Dejean, DG du groupe SEEB à Chauffailles. L’éclairage à leds et la baisse d’un degré des thermostats sont généralisés depuis longtemps mais c’est l’épaisseur du trait. 80% de notre consommation, ce sont nos machines d’usinage dont la consommation est proportionnelle à la production. Le seul poste que nous avons pu améliorer est la technologie pour l’air comprimé, avec des compresseurs à vitesse variable. En place depuis quelques mois, ce système nous permet de consommer moins d’énergie pour une efficacité similaire, et d’économiser 20 à 30% sur la consommation d’électricité liée à la production d’air comprimé. »

 

L’entreprise Ducerf à Vendenesse-les-Charolles, expert du bois depuis 1885, engagée dans une démarche éco-responsable depuis 2002, avec la certification PEFC renouvelée en 2020.

« Le bon sens et la démarche éco-responsable s’inscrivent depuis très longtemps dans l’esprit du groupe, assure Edouard Ducerf, 5e génération de l’entreprise familiale qui reste innovante tout en respectant cette nature qui la fait vivre. Les économies d’énergie, nous avons pleinement conscience de la nécessité de faire plus que ce que nous faisions jusqu’à présent ; c’est pourquoi nous avons sollicité un audit pour évaluer, poste par poste, où nous pouvons encore nous améliorer. Et bien évidemment que nous nous adapterons comme nous l’avons toujours fait. »

Revue GEEA : Industrialisation - Relocalisation : Impossible n'est pas français

NOTRE REVUE GEEA : ENTRE POSSIBLE ET IMPOSSIBLE, DEUX LETTRES ET UN ETAT D'ESPRIT

L'agriculture, cette économie du monde rural qui nourrit notre pays par Josiane Corneloup

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Le « mois sans tabac » marquera dorénavant l’intégration du « menu sans viande » dans les cantines. Une annonce que la députée de Saône-et-Loire Josiane Corneloup ne " digère " pas, car en plus des affaires sociales, celle qui est aussi conseillère départementale du canton de Charolles multiplie ses actions en faveur de l’agriculture, une activité prégnante dans son territoire de grande qualité, qui contribue largement à l’économie locale.

Que représente l’agriculture dans l’économie à l’échelle de votre territoire ?

La Saône-et-Loire est le 2ème plus grand département français en terme de surface agricole utile ; l’agriculture se cultive dans ses gènes de manière ancestrale, produisant des AOP de renommée internationale parmi lesquelles, depuis 2010, le Bœuf de Charolles et le Fromage de chèvre charo- lais issus de ma circonscription.

Chez moi, berceau de la race charolaise, première race allaitante du monde qui s'ex- porte dans plus de 70 pays, l’activité agri- cole regroupe 40 % des déclarants PAC du département. C’est 7 % des emplois (10 % au niveau départemental) qui se déclinent dans 1 455 exploitations individuelles, 243 Gaec et 326 dans une autre forme socié- taire. Derrière ces emplois, il existe toute l’activité indirecte qui en découle, notam- ment l’agroalimentaire, un secteur qui tend à se développer : 2 % des emplois locaux, plus de 300 salariés et 18 entreprises. Les activités comprennent notamment la meunerie, la découpe de fromages, ou encore la fabrication de plats préparés.

Forte d'une tradition de transaction et d'exportation, au fil du temps, l’activité agricole a su se tourner vers la qualification de ses produits, la diversification économique, l'innovation.

Qu’entendez-vous par qualification, diversification économique et innovation ?

La qualité de nos productions relève d’un véritable savoir-faire. Aujourd’hui, plus de 1 000 exploitations d'élevage allaitant sont engagées dans des démarches de qualité : les Labels Rouge (Tendre Charolais Label Rouge, Charolais Terroir Label Rouge, le Charolais du Bourbonnais) ; l’IGP (Indication géographique protégée) Charolais de Bourgogne ; l’AOC (appellation d’origine contrôlée) - l'AOP (appellation d’origine protégée) Bœuf de Charolles ; l’Agriculture biologique et Bio Bourgogne. Il s’agit de reconnaître des méthodes d’élevage traditionnelles, mais aussi la valeur de nos prairies qui donnent ce goût persillé à la viande. Nos bocages font d’ailleurs l’objet d’une demande de reconnaissance au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui serait bien évidemment un plus pour le tourisme, et pour l'agro-tourisme vers lequel de nombreuses exploitations se sont tournées en intégrant différents réseaux nationaux tels que Bienvenue à la Ferme, Accueil Paysan...

Un savoir-faire en cachant un autre, et ma circonscription étant aussi une terre de céramistes (7 % de l’emploi local - 1 000 emplois répartis dans plus d’une vingtaine d’entreprises), le Charolais se retrouve également vendu à l’international sous une autre forme, la faïence de Charolles mais aussi tout un panel de poteries artisanales culinaires ou décoratives.

Le bœuf s’impose dans les assiettes, dans tous les sens du terme ; pour autant, les cantines doivent dorénavant se plier au repas végétarien acté par la loi Egalim ?

L’article portant obligation pour les res- taurants scolaires de proposer un menu végétarien hebdomadaire se trouve dans le chapitre 1er, intitulé « Accès à une ali- mentation saine ». Qu’est-ce à dire pour nos éleveurs ?

Cette loi amalgame toutes les formes de production de viande, elle rend responsable l’élevage et la consommation de viande des tourments environnementaux qui frappent nos sociétés et dont les peuples se soucient légitimement toujours plus chaque jour. Cette inquiétude qui porte sur l’environnement et la santé publique est exploitée et orientée vers des combats vains, car qui peut croire que c’est en remplaçant la viande charolaise par du soja brésilien aux OGM, de l’huile de palme qu’on améliorera la santé publique et qu’on donnera un sursis supplémentaire à notre planète ? Notre monde meurt de la ferme des mille vaches, de la déforestation de l’Amazonie, de l’homogénéisation des modes de vie et de consommation, mais sûrement pas d’un élevage d’excellence tel qu’il est pratiqué en Saône-et-Loire. Cette loi installe un climat de suspicion vis-à-vis des éleveurs ; elle vise plus à satisfaire des lobbys qu’à une véritable politique d’ali- mentation et d’agriculture.

Cette loi fait porter la responsabilité de nos égarements collectifs aux agriculteurs. Je ne laisserai pas les agriculteurs devenir les boucs-émissaires de la crise environne- mentale et sociétale actuelle.

Vous vous êtes opposée au Mercosur et avez voté contre
la ratification du traité de libre échange CETA avec le Canada au nom de la préservation de notre autonomie alimentaire et des enjeux environnementaux. Pouvez-vous développer votre point de vue ?
Ces accords internationaux sont déloyaux, pénalisent gravement nos agriculteurs et vont totalement à l’encontre des dispositions de la loi Agriculture et Alimentations et des accords de Paris sur le climat et la transition écologique. Le Mercosur et le CETA répondent avant tout aux exigences des multinationales de l’agroalimentaire qui visent à imposer un modèle de plus en plus industrialisé de l’agriculture aux dépens de nos exploitations de type familial à taille humaine, respectueuses du bien- être animal, de l'environnement et offrant aux consommateurs des productions de haute qualité, hélas non rémunérées à leur juste valeur.
C’est cette organisation qui a permis de préserver notre souveraineté et notre sécurité alimentaires. Il eût été bien plus pertinent de favoriser les conditions pour produire et consommer de manière rai- sonnée et équilibrée dans l’ensemble du territoire européen. Cela aurait profité à la fois aux consommateurs et aux éleveurs.


Notre revue GEEA : Entreprises : les bons tuyaux pour l'innovation et l'emploi

Petit-déjeuner autour de Catherine Colonna, ambassadrice, représentante permanente de la France auprès de l'OCDE

En présence d’Olivier Dassault, Pascal Bois, Yves Bouloux, Bernard Brochand, Guillaume Chevrollier, Josiane Corneloup, Pierre Cuypers, Olivier Damaisin, Typhanie Degois, Philippe Dominati, Virginie Duby-Muller, Jean-Jacques Ferrara, Claude de Ganay, Laurent Garcia, Michel Herbillon, Alain Houpert, Brigitte Kuster, Constance Le Grip, Sylvain Maillard, Eric Pauget, Frédéric Reiss et Pierre Vatin.

sur le thème :

« TAXATION DES GAFA : RÉVOLUTION MONDIALE OU EXCEPTION FRANÇAISE ? »